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Le supermarché des mots
Marcello Argilli

A) Avant le texte
1) Voici le début d'une histoire.

- Attention, Daniel, choisis-les bien, lui dit son père. Tous les samedis tu en achètes cent, et pourtant il ne me semble pas que tu fasses des progrès.
Souviens-toi que plus tu en as, plus tu auras du succès dans la vie.
- Oui papa, marmonna Daniel, en sortant pour se rendre au.....


2) De quoi parle le papa de Daniel?

Nous avons étudié ce début.
Nous nous sommes demandés ce que Daniel pouvait acheter pour faire des progrès:

Des livres? non, il ne pourrait pas en lire cent en une semaine.
Des encyclopédies? encore moins!
Des bonbons? ça ne sert pas à progresser!
Des cahiers, des crayons, des gommes? pourquoi autant?
Des documents? pourquoi pas , mais où les stocker?
Des définitions? Voilà une bonne idée.

En fait Daniel va au supermarché des mots. Il pourrait aller
dans des magasins qui pourraient s'appeler:
"Au clair mot, Aux mots pas chers, Morama, La halle aux mots, Mot chant, mots en stock."


Le supermarché des mots.
texte "manipulé"
Lire le texte intégral.

- Attention, Daniel, choisis-les bien, lui dit son père. Tous les samedis tu en achètes cent, et pourtant il ne me semble pas que tu fasses des progrès. Souviens-toi que plus tu en as, plus tu auras du succès dans la vie.
- Oui papa, marmonna Daniel, en sortant pour se rendre au supermarché des mots.

Il y allait tous les samedis, quand ses parents lui donnaient son argent de poche. Cet argent, il ne le gaspillait pas en chewing-gums, en glaces, en illustrés, en parties de flipper, il le dépensait tout là. Dans son pays, en effet, les mots s'achetaient : on ne pouvait utiliser que ceux qu'on avait achetés.
On les trouvait tous au supermarché comme dans le dictionnaire, répartis dans les divers rayons selon les genres. A la disposition des acheteurs, il y avait des vendeurs très compétents, tous maîtres et maîtresses d'école diplômés, capables de donner n'importe quel conseil.
Dès son entrée, Daniel se retrouva dans un rayon où était diffusée en sourdine de la musique classique : c'était celui des mots rares, fréquenté surtout par des poètes et des écrivains, qui farfouillaient dans les étagères, en quête de termes élégants et raffinés comme :

 

Mais pensez voir si Daniel allait gaspiller ses sous pour des mots pareils.
Poursuivant son chemin, il traversa un rayon décoré en rose, celui des adjectifs destinés aux compliments amoureux. Un jeune homme s'adressant à une maîtresse-vendeuse, était en train de murmurer, timide et embarrassé :
- J'en voudrais une douzaine!
- A qui as-tu l'intention de les dire ? demanda la maîtresse-vendeuse.
- Heu!. Voilà…. Je voudrais les… je devrais les dire à…
Le jeune homme rougit.
- J'ai compris. Que penses-tu de ces adjectifs :

 

Mais si tu me décris comment est ta bien-aimée, je pourrai te conseiller avec plus de précision. Si elle est blonde je te proposerai

 

Daniel eut un petit sourire de compassion : il trouvait ridicule d'employer de tels adjectifs.
Il arriva à un rayon où les étagères étaient pleines à craquer de verbes. Garçons et filles s'y approvisionnaient selon leur tempérament : les plus aventuriers achetaient des verbes comme :

 

D'autres au contraire préféraient des verbes comme :

 

Des adultes en costume strict et cravate, en revanche, choisissaient plutôt

 

Daniel n'était pas non plus intéressé par les verbes, et moins encore par les mots du rayon voisin, où la radio diffusait des marches militaires et des musiques de films de guerre et de supermen. Là, les clients étaient presque tous des jeunes portant des blousons de cuir, des ceinturons à grosses boucles métalliques et des bottes de " marine " américain. C'était le rayon des mots agressifs, et sur les étagères on trouvait des mots comme :

Seuls des maniaques, pensa Daniel, pouvaient faire des achats à ce rayon.
Un rock endiablé provenait d'un rayon balayé de lumières de toutes les couleurs. Un maître-vendeur, en jean et tee-shirt portant l'inscription N.Y.Columbus University, parlait au micro avec l'accent exotique de certains disc-jockeys.
- Come on, boys ! disait-il . Mots américains garantis d'origine, fraîchement arrivés des United States. Si vous tenez à être OK., approvisionnez-vous ici !
A ce rayon on vendait des mots comme :

 

On se les arrachait, et les clients, garçons et filles, poussaient tous les trois secondes de retentissants O.K. qui se mélangeaient au chewing-gum qu'ils mastiquaient.
- Quels crétins ! murmura Daniel en s'éloignant. Tandis qu'il continuait à se balader à travers les rayons, il fut abordé par une maîtresse-vendeuse.
- Puis-je t'aider ? lui demanda-t-elle gentiment. Quel genre de mots cherches-tu ?
- T'occupe, c'est pas tes oignons, fiche-moi la paix, ronchonna Daniel.
- Je comprends, répondit la vendeuse sans s'étonner. Dernier rayon au fond à droite.
Mais le renseignement était superflu : ce rayon là, Daniel le connaissait comme sa poche. Il aurait pu le trouver les yeux fermés, car il le fréquentait assidûment chaque semaine.
Comme d'habitude, il y avait foule, surtout des garçons. Tout d'abord il vérifia qu'il y avait de nouveaux arrivages, puis il se mit à faire son choix, farfouillant méticuleusement dans toutes les étagères. Il prit son temps, essayant les mots un à un. Il en savait un bout dans ce domaine : pensez donc, c'était le rayon des gros mots.
Il en choisit vingt, de véritables chefs-d'œuvre. Ils coûtaient très cher et, quand il les eut payés, il ne lui restait plus beaucoup d'argent pour les quatre-vingts autres qu'il devait acheter, mais cela ne l'inquiéta pas. Comme d'habitude, il les prendrait au rayon où l'on vendait les plus économiques, celui des mots faux, plein de fautes d'orthographe et de prononciation. Ils étaient tous en solde, et pour quelques francs on pouvait en avoir des kilos. Des mots du genre : médessin, chossettes, orlogerie, bijous, cordonier, septambre, profeseure, aréoport, girafle, enrevoir, sans parler de tout un assortiment de verbes comme vous faisez, il courit, ils rompèrent, tu mouriras, il est été, il tombat, il s'a cassé… Certes, des mots pareils ça faisait mauvais effet à l'école et les enseignants vous flanquaient des zéros à tour de bras, mais Daniel s'en fichait. Ce qui lui importait c'était la considération de ses copains : en effet personne ne connaissait autant de gros mots que lui. Chaque fois qu'il faisait étalage de son répertoire, ils restaient tous bouche bée.
Tandis qu'il rentrait à la maison, il se souvint que ses parents l'attendaient avec impatience pour lui demander quels mots il avait achetés, s'il avait bien choisi les plus beaux, les plus utiles…
- Merde, pensa-t-il, mes vieux vont encore me les casser !
Mais il retrouva sa bonne humeur en pensant à ses copains :
- P…., lundi, dans ce foutu bahut, la gueule qu'ils vont tirer, les mecs ! Ils vont tous en crever d'envie, ces c… .

Marcello Argilli

B) Premières activités sur le texte

1 Le texte est troué…  Dans les cadres indiqués, trouve les mots qui manquent. Attention, relis bien ce qui précède !

2 Peux tu expliquer comment les mots sont rangés dans le supermarché ? 

3 Sur ton classeur dessine le plan du  «  supermarché des mots » Pour ce faire, relis le  texte en entier. 

Voici un exemple de plan du supermarché...Pour voir l'image, cliquez dessus. 

4 Invente toi-même un rayon de ce supermarché. Quels mots y mettrais-tu ? Comment seraient-ils rangés ?

5 Dans la galerie marchande de ce supermarché, il existe un «  réparateur de mots cassés ».  Il a beaucoup de travail, aide-le à réparer les « mots fautifs » que tu peux trouver dans le texte.

6 Hélas, ce réparateur ne peut supprimer ni les gros mots, ni les insultes. Il ne peut que les maquiller, les arranger pour les rendre plus jolis. Par exemple, il a maquillé l’expression  de Daniel
- Merde, pensa-t-il, mes vieux vont encore me les casser !
en « Corne bleue de licorne, pensa-t-il, mes donneurs de leçons vont me friser les oreilles… »
A toi de l’aider pour les autres gros mots. Essaie d’inventer quelque chose de poétique…et de drôle. 

Et voici quelques insultes: Une partie de la classe trouvait la première partie du groupe nominal, et au hasard, l'autre classe y rajoutait un CDN 

Espèce de lune à tiroirs, de pomme de terre en caoutchouc, de table à oreilles, de tortue à dents...

Même façon de faire pour les exemples suivants: un verbe et un COD.

Va manger tes orteils. Va grignoter les pieds de ta tante, Va boire le riz Lustucru. Va éplucher tes pantoufles! 

C) Et si on inventait notre supermarché de mots?

1) Inventons un nom à ce supermarché. Servons-nous des noms que nous connaissons.

U CHANT DU MOT

La vie Le mot

Motsmarché
Bricomots
Vêtimots
Les mousquetaires du vocabulaire

 2  Nous avons reçu un prospectus sur l'Euro. Nous avons donc décidé de calculer les  nouveaux prix des mots que nous allons vendre:

Je vends le mot "mirifique" pour 1 centime d'Euro parce que ce mot est beau à entendre. J'en connais d'autres que je vendrais au même prix: merveille, féerie, tendresse..

Je le vendrais si peu cher pour qu'il ne soit pas réservé aux  poètes. Imaginez une classe où les enfants utiliseraient ces mots: Dans les salles, les élèves diraient des poèmes et raconteraient des contes. Ils ne se disputeraient plus et dessineraient sur les murs de beaux paysages. …

Les professeurs ne crieraient plus, ne donneraient plus de devoirs. Ils raconteraient des tas d'histoires. On s'amuserait.

Je le vendrais enfin pour que tout le monde puisse acquérir du vocabulaire pour pas cher. 

 

Je vends mon plus beau  gros mot pour 400€, parce que les gros mots empêchent de grandir, qu'ils abîment les oreilles et qu'il y en a trop. Par contre je donne pour 1 centime d'Euro les jolies insultes que j'ai inventées: espèce de tables à oreilles, de soleil en poudre…

Je vends le vocabulaire informatique pour 1 €, parce que tout le monde doit pouvoir utiliser l'ordinateur et que c'est maintenant nécessaire de bien s'y connaître en informatique.

Je vends le mot "guerre" pour 500 000 000 000 000 000 € parce que c'est un mot qui apporte la mort, qui tue la famille  et qui ne sert à rien qu'à faire du mal.

Je vends le mot " famille" pour un Euro, parce que la famille c'est l'amour, la tendresse et la douceur.  Je le vends pas cher pour que ceux qui n' ont pas de famille puissent en acheter.

Je vends aussi, et pour 1 €,

Le mot maman
Le mot école,
Le mot amour,
Le mot soleil,
Le mot douceur,
Le mot chatoyante,
Le mot jouet.