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La vie chère
Marcello Argilli, Nouvelles d'aujourd'hui, Castor Poche
Voici une nouvelle qui pose un problème de société
au travers d'une fiction totalement imaginaire.
Intéressante parce qu'elle mélange récit et texte
explicatif, La vie chère d'Argilli invite au débat et propose
des écritures dans les blancs du texte.
A) texte intégral.
- Hé ! les enfants ! s'écrièrent les parents de
Paul et Sophie. Venez voir ce que nous vous avons apporté !
Les enfants accoururent, mais restèrent stupéfaits en s'apercevant
à quel point tous deux avaient vieilli durant ces quelques heures
d'absence : ils avaient beaucoup de cheveux blancs, de nombreuses rides
sur le visage, et ils semblaient même un peu voûtés.
Pourtant ils étaient tout joyeux, et leur père jeta sur
la table une belle liasse de billets de banque.
- Finis les ennuis ! dit-il en chuintant un peu, car il lui manquait deux
dents. Pendant un certain temps nous n'aurons plus de souci à nous
faire pour la nourriture, pour le loyer, pour vos études...
Paul regarda cet argent, puis à nouveau le visage vieilli de ses
parents.
- Alors, balbutia-t-il, vous l'avez fait vous aussi !
Dans ce pays, non seulement il était permis de vendre son sang
ou un rein, ou la cornée d'un œil, mais, depuis qu'on avait
inventé la transfusion des années, on voyait apparaître
dans les journaux des petites annonces qui disaient :
« URGENT. AFFAIRE A SAISIR. SUIS ACHETEUR... »
L'acheteur en question précisait combien d'années il désirait
acquérir, et à quel prix. Ceux qui avaient besoin d'argent
répondaient à l'annonce, passaient un contrat en règle
et, dès la fin de la transfusion, étaient payés comptant.
- Eh bien oui, dit la mère, nous avons vendu dix ans chacun. Mais
ne vous inquiétez pas, la transfusion a été absolument
indolore.
- C'est une chance, ajouta le père, qu'à nous autres, les
pauvres, il nous soit offert cette possibilité et qu'il y ait des
gens qui paient les années un bon prix.
- Mais vous avez raccourci votre vie de dix ans ! s'exclama Paul. C'est
moi qui aurais dû le faire, moi qui ai encore tant d'années
à vivre. Je l'aurais fait de tout mon cœur !
Il était si navré que ses parents en furent émus.
- Ne pleure pas, dirent-ils en le serrant dans leurs bras, c'est bien
volontiers que nous avons fait ce sacrifice.
Sophie, en revanche, se tenait à l'écart, l'air sérieux,
sans rien dire. Même pendant le dîner elle n'ouvrit pas la
bouche.
Une fois couchés, les parents n'éteignirent pas la lumière
et restèrent un bon moment à parler.
- Comme il s'est montré affectueux, notre petit Paul. Il nous aime
vraiment.
- Sophie, par contre, n'a pas soufflé mot. Franchement, je ne m'attendais
pas à une telle indifférence de sa part.
Pendant ce temps, dans sa chambrette, Sophie ne décolérait
pas.
- Une chance, tu parles, c'est une injustice ! C'est une révolution
qu'il faudrait ! Dommage que je sois trop petite pour la faire... Tiens,
au fait, et si je vendais une douzaine d'années ? Comme ça
je pourrais commencer tout de suite, j'expliquerais aux gens que c'est
injuste, je distribuerais des tracts...
- Cher petit Paul, disait cependant sa mère. Lui, oui, il est sensible
!
- Quand je pense que Sophie n'a pas bronché, soupira son père.
Enfin, éteignons... Bonne nuit !
b) première approche.
On donne le début du texte. Hypothèses de lecture.
- Hé ! les enfants ! s'écrièrent les parents de
Paul et Sophie. Venez voir ce que nous vous avons apporté !
Les enfants accoururent, mais restèrent stupéfaits en s'apercevant
à quel point tous deux avaient vieilli durant ces quelques heures
d'absence : ils avaient beaucoup de cheveux blancs, de nombreuses rides
sur le visage, et ils semblaient même un peu voûtés.
Pourtant ils étaient tout joyeux, et leur père jeta sur
la table une belle liasse de billets de banque.
- Finis les ennuis ! dit-il en chuintant un peu, car il lui manquait deux
dents. Pendant un certain temps nous n'aurons plus de souci à nous
faire pour la nourriture, pour le loyer, pour vos études...
Paul regarda cet argent, puis à nouveau le visage vieilli de ses
parents.
- Alors, balbutia-t-il, vous l'avez fait vous aussi !
c) Ensuite distribution du passage explicatif.
Dans ce pays, non seulement il était permis de vendre son sang
ou un rein, ou la cornée d'un œil, mais, depuis qu'on avait
inventé la transfusion des années, on voyait apparaître
dans les journaux des petites annonces qui disaient :
« URGENT. AFFAIRE A SAISIR. SUIS ACHETEUR... »
L'acheteur en question précisait combien d'années il désirait
acquérir, et à quel prix. Ceux qui avaient besoin d'argent
répondaient à l'annonce, passaient un contrat en règle
et, dès la fin de la transfusion, étaient payés comptant.
- En quoi cet extrait éclaire-il le titre?
- En quoi ce texte est-il explicatif?
- On peut distibuer aussi des articles sur le trafic d'organes... et faire
inventer des titres, des articles, sur le trafic d'années.
- On peut aussi demander de rédiger une petite annonce.
d) Suite du texte.
- Eh bien oui, dit la mère, nous avons vendu dix ans chacun. Mais
ne vous inquiétez pas, la transfusion a été absolument
indolore.
- C'est une chance, ajouta le père, qu'à nous autres, les
pauvres, il nous soit offert cette possibilité et qu'il y ait des
gens qui paient les années un bon prix.
- Mais vous avez raccourci votre vie de dix ans ! s'exclama Paul. C'est
moi qui aurais dû le faire, moi qui ai encore tant d'années
à vivre. Je l'aurais fait de tout mon cœur !
Il était si navré que ses parents en furent émus.
- Ne pleure pas, dirent-ils en le serrant dans leurs bras, c'est bien
volontiers que nous avons fait ce sacrifice.
Sophie, en revanche, se tenait à l'écart, l'air sérieux,
sans rien dire. Même pendant le dîner elle n'ouvrit pas la
bouche.
Une fois couchés, les parents n'éteignirent pas la lumière
et restèrent un bon moment à parler.
- Comme il s'est montré affectueux, notre petit Paul. Il nous aime
vraiment.
- Sophie, par contre, n'a pas soufflé mot. Franchement, je ne m'attendais
pas à une telle indifférence de sa part.
- Comment expliquez vous l'attitude des enfants?
- Pourquoi Sophie , selon vous reagit-elle ainsi?
e) fin du texte
Une chance, tu parles, c'est une injustice ! C'est une révolution
qu'il faudrait ! Dommage que je sois trop petite pour la faire... Tiens,
au fait, et si je vendais une douzaine d'années ? Comme ça
je pourrais commencer tout de suite, j'expliquerais aux gens que c'est
injuste, je distribuerais des tracts...
- Cher petit Paul, disait cependant sa mère. Lui, oui, il est sensible
!
- Quand je pense que Sophie n'a pas bronché, soupira son père.
Enfin, éteignons... Bonne nuit
Ici plusieurs possiblilités de prolongements.
a) Ces images sont l'illustration de deux affiches qui dénoncent
le trafic de vie. Ecrivez le slogan qui les accompagne.

b) Un journaliste enquête sur le trafic de vie.. cette photo
illustrera son reportage sur le problème. Ecrivez cet article.
c) Ecrivez soit: le discours que Sophie prononce devant les militants
assemblés.
Les tracts qui expliquent sa lutte.
Les banderoles, affiches, slogans.
Le dialogue télévisé entre Sophie et un acheteur
d'années.
d) vocic quelques documents qui peuvent aider les
élèves.
Trafic d’organes : le juteux trafic
népalais…
Un népalais qui pratiquait en toute impunité le commerce
d’organes vient de se faire arrêter par les forces de
l’ordre. Accusé de vendre des reins en vue de transplantations,
il risque cinq ans de prison mais seulement… 6 667 dollars
d’amende.
Même si la somme est élevée en regard du revenu
moyen au Népal, elle est faible si on la rapporte aux bénéfices
qu’il retirait de son trafic : entre 2 000 et 3 500 dollars
pour chaque rein ! Comme, selon les enquêteurs, il avait réussi
à persuader au moins 50 donneurs, il aurait donc retiré
de ce commerce entre 100 000 et 175 000 dollars.
Une bonne opération donc, si l’on ose dire, pour cet
ancien donneur qui, toujours en bonne santé, prêchait
d’exemple à bon compte ! L’un de ses fidèles
« clients », le Dr Sunil Chakradhar qui pratique les
greffes d’organes dans l’Inde limitrophe, connaît
bien le système. « En Inde il y a plus de 50 hôpitaux
équipés pour les greffes. Ils sont tous en concurrence
et offrent des commissions importantes aux courtiers qu’ils
chargent de trouver des patients et des donneurs ».
Ce type de procédé, interdit par les lois de tous
pays et sévèrement réprimé - du moins
en théorie - encourage évidemment le trafic d’organes.
Et ceci d’autant plus que la pratique en est beaucoup plus
facile et bon marché en Inde que dans n’importe quel
autre pays.
Sources: Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé,
vol 81, N°7, 2003, p.547
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Le commerce d'organes
On voit, dans certains pays, prospérer des bureaux de placement
d'organes. Des intermédiaires touchant d'énormes commissions
se chargent du recrutement des donneurs dans les villages. Il s'agit
pour la plupart de pauvres paysans -quand ce ne sont pas des enfants-
acculés à vendre un rein, un œil…, pour
permettre à leur famille de survivre. Mutilés, ils
ne reçoivent qu'une faible somme tandis que les intermédiaires
vendent à prix d'or les organes " volés "
à des receveurs prêts à mettre le paquet pour
continuer à vivre.
Ainsi en Inde les propositions de vente de reins sont publiées
dans les journaux. La solution pourrait être de refuser la
prise d'organe sur les personnes vivantes. Cependant l'Inde n'accepte
pas les prélèvements sur cadavres qui heurtent certaines
croyances religieuses. De plus l'Inde ne dispose pas encore de la
technologie médicale sophistiquée permettant des transplantations
réussies au moyen de reins prélevés sur des
cadavres. En outre, la dialyse, évidemment très coûteuse,
n'est pas accessible à tous. Ils n'ont donc pas d'autre choix
que d'acheter un rein d'un donneur volontaire ou de mourir .
En Chine, il n'est plus contesté que les organes des personnes
condamnées à la peine capitale sont utilisés
à des fins de transplantation, généralement
sans consentement des intéressés. Les prisonniers
sont même la principale source d'organes de transplantation.
Il semblerait aussi que les hauts fonctionnaires chinois auraient
la priorité dans l'attribution de ces organes. Il y a donc
là de fortes motivations incitant les autorités à
laisser se poursuivre cette pratique.
En Amérique Latine , des propositions de vente de reins
sont aussi publiées dans les journaux. Elles proviennent
des couches les plus déshéritées de la population.
En Europe, des articles de presse font état de tentatives,
de la part de personnes suspectes, de mettre sur pied un commerce
d'organes. En 1993, des agences sont apparues en Pologne et en Hongrie,
qui proposaient des organes humains à des hôpitaux
d'Allemagne et de suisse. En 1989, en Allemagne, des histoires fantastiques
circulèrent à propos d'un commerce de reins organisé.
En 1989 également, un scandale éclata en Angleterre,
s'agissant de la transplantation de quatre reins prélevés
chez des paysans turcs introduits dans le pays par des intermédiaires
pour y céder un rein contre paiement. Il s'est avéré
que les reins avaient été prélevés à
l'insu des personnes.
Dans le secteur des tissus humains se développe un autre
type d'activités commerciales qui, pour être tolérées
par certains états, n'en paraissent pas moins contestables.
En effet, contrairement aux organes qui doivent être impérativement
greffés dans les 48 heures, les tissus humains peuvent être
conservés beaucoup plus longtemps dans des banques. Celles-ci
sont spécialisées dans la collecte, la conservation
et le traitement des tissus. Evidemment, un tel travail implique
des frais. Aussi, existe-t-il deux types de banques : les banques
de tissus sans but lucratif et les firmes commerciales. Les premières
se contentent de facturer le travail de préparation et de
conservation des tissus au prix coûtant. Pour elles, le "
non-profit " est la règle. En général
c'est le cas en Belgique où elles sont soumises au contrôle
des pouvoirs publics. Quant aux secondes, elles sont régies
selon les principes du commerce. Ces sociétés privées,
pour la plupart d'origine nord-américaine, partent du principe
que tout service mérite salaire et tirent d'importants bénéfices
du traitement des tissus. Une fois de plus, la loi du profit se
heurte à l'éthique d'une médecine égalitaire
et basée sur la solidarité et la générosité.
http://users.skynet.be/web/drt/trafic.htm |
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