Timothée, fils de sorcière

 

Une sorcière c'est très facile à reconnaître:
 Ça a un long nez, souvent gros, les oreilles un peu décollées et un balai, caché le plus souvent dans la cuisine.

Mais ça se reconnaît surtout à sa manie de tout changer :

ça change les princes en crapauds, les crapauds en petits pots,

les petits pots en poireaux, et quelquefois, pour donner un coup de main aux fées, ça rechange les poireaux en princes ! C'est beaucoup de travail

pour en revenir au point de départ. Oui, mais la devise des sorcières c'est :

 

À FAIRE ET À DÉFAIRE, ON N'EST PAS À RIEN FAIRE !

 

Timothée Youplaboum était fils de sorcière, petit-fils de sorcière, mais lui : pas sorcier pour deux sous ! Au moment même où il est né, c'était déjà tout raté!
Un garçon, voyez-vous ça, alors qu'on avait toujours été sorcière de mère en fille dans la famille ! était fils de sorcière,

fils de sorcière, arrière-petit-fils de sorcière, lui : pas sorcier pour deux sous !

Au moment même où il est né, était déjà tout raté !
pour se consoler sa mana répétait:

- Notez qu'il n'est vraiment pas beau, on dirait un crapaud !
Seulement, les nouveau-nés sont toujours chiffonnés, ça ne veut pas dire qu'en grandissant ils ne deviennent pas de beaux enfants. C'est ce qui arriva à Timothée :à deux ans, il était beau comme un coeur, et gentil avec ça !


A quatre ans, pour faire plaisir, il transformait les potions de sa maman en mousse au chocolat. Comme ça, tout simplement, en rajoutant des ingrédients, en s'appliquant et en touillant !

À table, ses trois soeurs, toutes plus sorcières les unes que les autres, s'écriaient :
 - C'est pas avec ça qu'on changera un prince en crapaud, mais en attendant, qu'est-ce qu'on se régale ! Et la maman de Timothée lui passait la main dans les cheveux en disant :

-  C'est bon, mon chéri, c'est très bon, mais il va falloir que tu apprennes à faire des potions !

Timothée ne voulait pas.

Il voyait bien ses trois soeurs apprendre par cœur des kilomètres de formules magiques. Il les entendait répéter :

 

YAKA YAKA YAKA ATRAPÉ UN CRAPO.

(Ça, c'est la formule pour attraper les crapauds.)

 

YAPU YAPU YAPU KA L'CHANGÉ EN P'TIPO.

 (Ça, c'est la formule pour les changer en petits pots.)

 

 Et la maman de Timothée lui passait les mains dans les cheveux en disant :

 « C'est bon mon chéri, c'est très bon, mais il faudra que tu apprennes à faire des potions ! »
Timothée ne voulait pas. Mais non, décidément, Timothée, lui, ne voulait pas.

Sa mère était très embêtée : elle ne pouvait plus aller avec lui à ses réunions de sorcières,

parce qu'on le regardait d'un drôle d'air.

Elle ne pouvait pas non plus l'accompagner à la crèche des fées, parce que là, c'est elle qu'on regardait de travers ! Un soir, elle s'en alla demander conseil à la plus vieille des sorcières, qui lui dit :

– Vous êtes sa mère, vous êtes sorcière, il n'y a pas à tortiller, vous devez en faire un sorcier. Mais puisque vous êtes trop faible pour vous faire obéir, mettez-le dès demain en pension chez les sorciers.
le lendemain, sur le chemin de la pension, de grosses larmes coulaient le long du nez de la maman de Timothée.
 En voyant Timothée, le directeur dit :
 « Pas de gros nez, pas de verrue sur le visage, c'est dommage ! »
Mais comme Timothée est d'une grande famille de sorcières, le directeur décida de le garder.

 

Il paraît qu'aujourd'hui encore il s'en mord les doigts. C'est que gentil comme il était, Timothée s'est fait plein d'amis et que, petit à petit, tous ses amis sont devenus affreusement gentils, terriblement polis, épouvantablement bons cuisiniers , mais pas du tout sorciers !
 Au bout d'un an, Timothée était renvoyé chez lui avec un bonnet de fée sur la tête et une pancarte accrochée dans le dos sur laquelle on pouvait lire :
 

Beaucoup de bonne volonté, 
Incapable de méchanceté, 
Impossible d'en faire un sorcier

 

En voyant Timothée arriver, sa maman pleurait de joie.

Timothée, lui, avait du mal à la reconnaître, car la pauvre femme avait beaucoup changé ! Elle était restée avec ses trois filles, toutes plus sorcières les unes que les autres.

 

Et à chaque fois que la première avait un travail à faire, elle récitait la formule magique

YAKA YAKA YAKA DEMANDÉ A MAMAN

 

À chaque fois que la seconde avait fait un affreux cauchemar, elle récitait la formule magique

YAKA YAKA YAKA RÉVÉYÉ MAMAN.

 

Et à chaque fois que le troisième était de mauvaise humeur elle récitait:

YAKA YAKA YAKA ENKIKINÉ MAMAN.

 

Si bien que la pauvre femme était devenue complètement chèvre. Bien sûr, elle aurait pu jeter un mauvais sort à ses filles pour les punir. Mais on n'a jamais vu une mère, même sorcière, transformer ses filles en crapauds!

 

Alors, Timothée est rentré et, sans potion, sans formule magique, il a tout remis en ordre.

Il a  parlé, expliqué, discuté, négocié, amadoué et même embrassé doucement ses trois  soeurs sorcières[1]. Et elles ont compris, miraculeusement, que vraiment, vraiment, elles avaient exagéré avec leur mère.

Alors, tout en fredonnant :

À FAIRE ET À DÉFAIRE ON N'EST PAS À RIEN FAIRE, elles se sont mises à bichonner,

à câliner leur petite mère !

Un soir, la maman de Timothée lui dit :

- Mon chéri, à voir comme tu as tout changé depuis que tu es rentré, je commence à me demander si tu ne serais pas une fée !

Alors là, Timothée lui a franchement ri au nez.Il lui a dit :

 - Voyons, maman, une fée, c'est très facile à reconnaître : ça a des cheveux blonds, très très longs, des grands yeux bleus, un petit menton et ça cache toujours quelque part une baguette magique.

Sa maman se dit :
 - C'est pourtant vrai. Mais alors ?

Si Timothée n'est ni une sorcière ni une fée, c'est donc qu'il n'y a pas qu'elles qui peuvent tout changer !

 

 

Marie Agnès GAUDRAT ,
Timothée, fils de sorcière,
Bayard Poche n°48

 

Il s'agit d'un court sur le monde à l'envers… les sorciers  y sont gentils, les punitions plutôt plaisantes…ici c'est la version intégrale ( sauf pour un passage que j'ai modifié volontairement, voir note)
 On peut le caviarder pourtant  et ne donner que la version sans" l'histoire des sœur"s. De fait le propos est plus concentré. Il est possible enfin  de  diviser le texte en deux parties: l'histoire de Timothée... et  l'histoire de ses sœurs.( voir à la fin)


Plusieurs activités possibles pour cet album.

 

a) Donner le tout début de l'album caviardé. (  mais avec les illustrations.) Et essayer de remplir les blancs.
Ensuite donner le titre de l'album pour émettre des hypothèses de lecture.

 Une sorcière c'est très facile à reconnaître:
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Mais ça se reconnaît surtout à sa manie de tout changer :

ça change ….......
………………..

……………….
……………….
………………

C'est beaucoup de travail

pour en revenir au point de départ. Oui, mais la devise des sorcières c'est :

 

À FAIRE ET À DÉFAIRE, ON N'EST PAS À RIEN FAIRE !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

b) lire l'album ( version intégrale ou version courte)  en entier  et ensuite demander aux élèves de souligner ou recopier toutes les expressions qui  justifient la phrase: "pas sorcier pour deux sous !"
On peut aussi demander de comparer les habitudes de  vie des sœurs et celles de Timothée.

 

c) remettre le monde à l'endroit. (afin de bien comprendre, par l'écriture, les enjeux narratifs du texte) Le directeur  réussi a transformer Timothée en véritable sorcier. Réécrire le texte en changeant ce qui doit être changé.

 

Il paraît qu'aujourd'hui encore il s'en mord les doigts. C'est que gentil comme il était, Timothée s'est fait plein d'amis et que, petit à petit, tous ses amis sont devenus affreusement gentils, terriblement polis, épouvantablement bons cuisiniers , mais pas du tout sorciers !
 Au bout d'un an, Timothée était renvoyé chez lui avec un bonnet de fée sur la tête et une pancarte accrochée dans le dos sur laquelle on pouvait lire:
  Beaucoup de bonne volonté, 
Incapable de méchanceté,
 
Impossible d'en faire un sorcier 

 

Aujourd'hui le directeur est très content…C'est que méchant comme il est devenu, Timothée….

 

d) quels épisodes ces images illustrent-elles

 

 

e) Écrire dans les blancs du texte.

 

Racontez comment Timothée s'y est pris pour transformer ses amis. "C'est que gentil comme il était, Timothée s'est fait plein d'amis et que, petit à petit, tous ses amis sont devenus affreusement gentils, terriblement polis, épouvantablement bons cuisiniers , mais pas du tout sorciers !"

Ses sœurs…*

 

f) un débat sur l'éducation est possible. "De la  douceur en éducation…"

g) la version des sœurs.

 

La petite enfance de Timothée et de ses sœurs.

 

A quatre ans, pour faire plaisir, il transformait les potions de sa maman en mousse au chocolat. Comme ça, tout simplement, en rajoutant des ingrédients, en s'appliquant et en touillant !

À table, ses trois soeurs, toutes plus sorcières les unes que les autres, s'écriaient :
 - C'est pas avec ça qu'on changera un prince en crapaud, mais en attendant, qu'est-ce qu'on se régale ! Et la maman de Timothée lui passait la main dans les cheveux en disant :

-  C'est bon, mon chéri, c'est très bon, mais il va falloir que tu apprennes à faire des potions !

Timothée ne voulait pas.

Il voyait bien ses trois soeurs apprendre par cœur des kilomètres de formules magiques. Il les entendait répéter :

 

YAKA YAKA YAKA ATRAPÉ UN CRAPO.

(Ça, c'est la formule pour attraper les crapauds.)

 

YAPU YAPU YAPU KA L'CHANGÉ EN P'TIPO.

 (Ça, c'est la formule pour les changer en petits pots.)

 

Le retour à la maison…  après la pension.

 

En voyant Timothée arriver, sa maman pleurait de joie.

Timothée, lui, avait du mal à la reconnaître, car la pauvre femme avait beaucoup changé ! Elle était restée avec ses trois filles, toutes plus sorcières les unes que les autres.

 

Et à chaque fois que la première avait un travail à faire, elle récitait la formule magique

YAKA YAKA YAKA DEMANDÉ A MAMAN

 

À chaque fois que la seconde avait fait un affreux cauchemar, elle récitait la formule magique

YAKA YAKA YAKA RÉVÉYÉ MAMAN.

 

Et à chaque fois que le troisième était de mauvaise humeur elle récitait:

YAKA YAKA YAKA ENKIKINÉ MAMAN.

 

Si bien que la pauvre femme était devenue complètement chèvre. Bien sûr, elle aurait pu jeter un mauvais sort à ses filles pour les punir. Mais on n'a jamais vu une mère, même sorcière, transformer ses filles en crapauds!

 

Alors, Timothée est rentré et, sans potion, sans formule magique, il a tout remis en ordre.

Il a  parlé, expliqué, discuté, négocié, amadoué et même embrassé doucement ses trois  soeurs sorcières. Et elles ont compris, miraculeusement, que vraiment, vraiment, elles avaient exagéré avec leur mère.

Alors, tout en fredonnant :

À FAIRE ET À DÉFAIRE ON N'EST PAS À RIEN FAIRE, elles se sont mises à bichonner,

à câliner leur petite mère !

 

Outre les problèmes d'orthographe dans les formules, on peut demander aux élèves de fabriquer des formules pour ne pas faire le travail demandé par le prof, pour avoir un jouet etc…

On peut aussi imaginer le programme éducatif de Timothée pour "réinsérer " ses sœurs dans la vie familiale…



[1] Le texte original dit" ila  parfois donné quelques coups de pied dans le derrière de ses trois  soeurs sorcières." Je trouve que l'on n'est pas dans la logique du texte…