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Roman d'Arthur Rimbaud.
BD de Bernard Hottin et Mathieu Gabella
Il existe un livre paru chez "petit à petit" qui présente les
poèmes de Rimbaud en bandes dessinées. Cet ouvrage n'est pas une simple
scénarisation de quelques poèmes, mais un vrai travail d'interprétation
et de discours qui propose des points de vue originaux à la fois sur le
sens, les images et sur la fulgurance du poète adolescent. En effet, les
vignettes n'illustrent pas le texte mais constituent une véritable écriture
interprétative des poèmes qu'elles accompagnent. C'est pour moi un "travail"
qui me semble essentiel pour permettre à nos élèves d'avoir une entrée en
poésie autre que la simple lecture analytique et réifiante , celle que les
habitudes scolaires nous proposent .
Ce que je présente ici, n'est pas tout à fait une activité, mais quelques
pistes pour construire une séance autour de "Roman ", ce poème
bien connu et qui commence par " On n'est pas sérieux quand on a dix
sept ans."
Voir
la bande dessinée
Quelques pistes:
-
Donner la bande dessinée ( privée du texte?) et faire reconstruire
le scénario complet de l'histoire.
-
Lire le poème seul et demander aux élèves de repérer les points
communs et les différences entre texte et BD. ( ne pas oublier de donner
la date de l'écriture)
Qu'est-ce que le scénariste et le dessinateur ont gardé , ont transformé/interprété,
ont rajouté au poème de Rimbaud.
On peut par exemple guider le travail en proposant la planche 1 qui est
une "actualisation" du texte, la planche 4 et les vers qui est
presque une illustration.
-
Travail sur les effets: Proposer pour cela un travail plus précis
sur le poème, la BD, et leurs effets sur le lecteur :
Quel(s) est (sont) le(s) sens du titre dans le poème, dans la bande dessinée?
Quelles sont les interprétations du vers répété deux fois: " On n'est
pas sérieux quand on a dix sept ans." dans la bande dessinée.
Un poème du bonheur?
Ce en sont là que des pistes encore trop floues qu'il
serait bon de préciser. Ne pas hésiter à proposer d'autres travaux.
Denis Fabé
ROMAN
I
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept
ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs
de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, - la ville n'est pas loin, -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...
II
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche.
Nuit de juin ! Dix-sept ans !
- On se laisse griser
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...
III
Le coeur fou Robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir a daigné vous écrire... !
- Ce soir-là,... - vous rentrez aux cafés
éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
29 septembre 1870
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