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Le réparateur de bêtises

B Landais

 Milan Diabolo.

 

  Voici un court roman de littérature de jeunesse, drôle et "coloré", qui parle de bêtises, de celles qu'inventent les enfants, de celles des parents aussi...
La démarche présentée ici pourrait être définie comme "une lecture en projet" . Il s'agit en effet pour l'enseignant d' organiser une lecture accompagnée qui s'appuie sur des activités diverses, des productions écrites et orales pour aider des élèves en difficultés à lire longtemps…et jusqu'au bout.


Chapitre 1

 

Tout a commencé au début du mois d’août, le mois le plus calme de l’année. Lucas et Julien se réveillaient de très bonne heure…. Ils descendaient rue Montempoivre pour jouer sur les trottoirs, aux billes ou aux vampires venimeux, et surtout pour inventer de nouvelles bêtises. C’est du moins ce que prétendaient leurs parents. Mais, ce matin-là, quelque chose avait changé rue Montempoivre. Au numéro 63, un petit monsieur repeignait l’ancienne boutique de Mme Duchoux, la marchande de légumes qui avait pris sa retraite.

«  Je me demande ce qu’il va bien pouvoir vendre », s’interrogea Julien. Il rêvait à un magasin de bonbons au détail. Ceux qui vous narguent dans de gros bocaux  en verre ou dans d’immenses bacs dorés. Lucas, lui, pensait à un magasin d’articles de pêche. Il passait en effet des dimanches entiers avec son père, au bord d’un étang. Ils abordaient ensemble des problèmes importants de la vie, comme la qualité exacte de sucre qu’il faut incorporer au blanc d’œuf pour réussir les meringues, ou le nombre d’enfants et de petits-enfants qu’aurait un pou installé dans une tignasse depuis deux semaines…. Comme cela, ils attendaient tranquillement le poisson insouciant qui mordait à l’hameçon.

Le lendemain, le petit monsieur accrocha enfin son enseigne. Ce fut mille fois plus excitant que tout ce que Lucas et Julien avait imaginé :

Monsieur Tujou-Jrépar

Réparateur de bêtises

de père en fils.

 

Les parents étaient sceptiques :

«  Réparateur de bêtises ? S’il est sérieux, il va en avoir du travail…! »

« Je ne savais pas que ça existait ! »

« Certains matins, je le rencontre. Son allure est si repoussante que je me garde bien de répondre à son salut ! »

«  Méfiance ! Réparateur de bêtises on n’a jamais vu ça ! Il y a du louche ! »

 Lucas était intrigué lui aussi.

«  - Et si on entrait dans la boutique ? On dirait : Bonjour Monsieur, il fait beau aujourd’hui…. Les bêtises, vous les réparez vraiment ?

- D’accord ! »répondit Julien.

Alors, ils passèrent et repassèrent devant la boutique mais rien à faire, ni les enfants ni les parents n’osaient entrer ! …

 

Chapitre 2

 

Les vacances s’écoulaient. Certains jours, d’après Lucas, étaient formidables. Par exemple, celui où le moteur du congélateur de Mme Ladousse, la marchande de glaces, tomba en panne. Il fallut pédaler pendant tout le temps de la réparation pour faire fonctionner le moteur de secours. Tous les enfants s’y sont mis et, en récompense, chacun eut droit à une glace à quatre boules. Julien prit vanille-vanille-vanille-vanille, son parfum préféré ! Il eut mal au ventre, comme les autres.

D’autres jours, par contre semblaient sans fin, comme si beaucoup plus d’heures que d’habitude s’y succédaient. C’est ce qui faillit arriver le jour où Lucas invita Julien chez lui. Heureusement, ce dernier eut une idée.

« - Hé ! Lucas ! si on faisait semblant de donner un bain à mardi ?

- Génial ! répondit Lucas. On peut même le faire pour de vrai. »

Lucas captura Mardi, qui avait compris ce qui l’attendait, et le plongea dans un bain…

«  Pouah ! constata Julien, un chien mouillé sent encore plus mauvais qu’un chien sec… »

Plus question de reculer, il fallait sans tarder lui faire un bon shampooing. Mais soudain la situation se compliqua : la bouteille de shampooing avait disparu, et la réserve de savon était vide !

C’est alors que le regard de Lucas s’arrêta net sur le tube de dentifrice à la framboise…

« Tu ne crois pas que ça pourrait le parfumer un peu ? Ca lave bien, le dentifrice ! » proposa-t-il.

Julien grimpa dans la baignoire pour immobiliser le chien, pendant que Lucas lui vidait le tube de dentifrice sur le dos. Il fit à Mardi un petit massage pour que le savon… enfin le dentifrice, pénètre bien. Mais, plus il frottait, plus ça collait !

Julien en profita pour jouer au coiffeur : il fit tenir les poils de Mardi dressés comme avec du gel ; il voulut même lui mettre des bigoudis, mais les poils étaient trop courts…. Ça sentait le chien à la framboise dans toute la salle de bains ! Puis Mardi en eut assez. Il avait froid et grelottait même un peu. «  Il faut le rincer », décida Lucas.

Mais voilà, rien n’y faisait, ni le gant, ni la brosse, ni le jet de la douche : le dentifrice restait collé dans les poils de chien ! Lucas et Julien n’avaient plus du tout envie de rire.

« On va le sécher, ça partira sûrement », suggéra Julien. Le séchoir à cheveux ferait peut-être l’affaire… Horreur ! par endroit une croûte se formait…. Ailleurs, les poils restaient collés. Mardi se grattait en grognant. Lucas et Julien avaient l’impression d’être plus pitoyables que lui….

Les parents de Lucas seraient là dans moins d’une heure, et ils venaient de faire une bêtise, une énorme bêtise !

 

Chapitre 3

 

Une idée germa dans la tête de Lucas.

« On pourrait peut-être…, commença-t-il.

-  On pourrait peut-être, reprit Julien désespéré, filer se cacher sur une île déserte, avec Mardi. On ne serait pas punis. Mais des bêtes féroces pourraient nous dévorer, c’est pire !

 - Non ! Si on osait…, dit Lucas, poursuivant son idée. Il les répare peut-être vraiment les bêtises… »

Julien comprit… et tout valait mieux que l’île déserte. Ils enfermèrent le pauvre Mardi dans un sac de sport et se ruèrent chez le réparateur de bêtises.

« Tiens, tiens, tiens…. Mes premiers clients. Je croyais m’être installé dans un quartier bizarre où personne ne fait jamais de bêtises », dit M Tujou -Jrépar.

 Il posa donc sur son nez une paire de petites lunettes bizarres. Un seul coup d’œil lui suffit pour poser son diagnostic : «  Bêtise du dentifrice à la framboise ; espèce très répandue dans nos villes… »

Il s’approcha de Mardi qui ne bougeait pas.

«  Voyons de plus près…. Ca y est, je la vois ! Juste derrière l’oreille ! »

Lucas et Julien observaient sans comprendre. « Attendez que je l’attrape et que je l’enferme dans un bocal à petites bêtises…. Voilà ! regardez comme elle est rigolote ! »

A travers les parois de verre, Lucas et Julien découvrirent une sorte de petite bestiole rosâtre, au corps en forme de tube de dentifrice, deux petits yeux globuleux posés dur le bouchon. Elle gesticulait, frappait les parois, furieuse d’être enfermée.

« Je tiens ces bocaux de mon père, qui les tenait lui-même de son père…, dit M. Tujou-Jrépar. C’est un verre spécial, nous nous en transmettons le secret de génération en génération. Il permet de vois sans risque, ce qu’est une bêtise ! »

Lucas avait l’impression d’avoir le cerveau rempli d’eau gazeuse, à la fois noyé de stupeur et pétillant d’excitation.

«  Ah ! vous ne le saviez pas ? Quelle étrange époque nous vivons ! les enfants connaissent le fonctionnement des fusées à booster et ignorent la passionnante existence des bêtises qui nous entourent depuis que le monde est monde !

« Voyez-vous, personne ne fait une bêtise par hasard…Les bêtises sont des petits êtres terribles qui vivent autour de nous. En général, on ne les voit pas. Pourtant elles nous guettent et nous font faire ce qu’elles veulent.

« Allons, reprit-il, maintenant que cette petite bêtise est dans son bocal, il ne reste qu’à réparer les dégâts. Elle ne pourra plus nous empêcher de rincer ce chien. »

Il tapa sur le clavier de son petit ordinateur :

 « Dentifrice à la framboise collé dans les poils d’un chien. Petite bêtise rose, espèce commune. »

Quelques secondes plus tard, la réponse s’inscrivait sur l’écran:

« Poudre 50255, faire mousser, rincer à grande eau. »

Il ouvrit la porte de son laboratoire, suivi de Mardi. Pendant ce temps, Lucas explora l’intérieur de la boutique. Les bêtises, dans leurs bocaux, étaient rangées sur des étagères et classées par ordre alphabétique. Il y avait un rayon pour les petites bêtises et un autre pour les grosses, encore plus effrayantes. Les bêtises en forme de tube occupaient toute une étagère.

- bêtises du «tube de colle » qui aime particulièrement les tapis et les moquettes ;

- bêtises du «tube de mayonnaise », spécialisées pour s’étaler dans les fauteuils du salon ;

- bêtises du «tube de sauce tomate »…

Enfin, dans un coin, se trouvait un coffre-fort protégé par de grosses chaînes en acier. Lucas très intrigué, s’en approcha…

M Tujou-Jrépar sortit aussitôt de son laboratoire.

« N’essaie surtout pas d’ouvrir ce coffre, cria-t-il. C’est le coffre des bêtises irréparables. Malgré la protection des bocaux, il faut être courageux pour oser soutenir leur regard cruel… Même prisonnières, elles tentent de nous prendre au piège. Elles entraînent la plupart du temps de véritables catastrophes : des incendies, des chutes mortelles, des noyades, des électrocutions… ! Voilà pourquoi je les enferme dans ce coffre. »

M Tujou-Jrépar semblait avoir le temps. Il s’assit et continua sa conversation.

«  Pour débarrasser le quartier de toutes les bêtises qui le peuplent, j’ai entrepris une campagne de « débêtisation ». C’est très fatigant. Je dois parfois grimper sur des pylônes électriques, me glisser dans les égouts ou dans un fleuve pour les trouver. Je rentre, certains matins, si épuisé et si sale que les habitants du quartier n’osent pas me dire bonjour ! »

Julien revint avec Mardi. M Tujou-Jrépar regarda sa montre.

«  Je parle, je parle, mais il est temps que vous rentriez chez vous, je crois. Oh ! j’oubliais de vous donner mes tarifs… »

Lucas et Julien n’avaient pas réfléchi à ce problème. Lucas possédait une petite collection de pièces de 20 centimes, et Julien une pièce de 10 francs, mais ils ignoraient si ce serait suffisant pour payer un service aussi exceptionnel.

« Ma boutique aurait bien besoin d’un dépoussiérage, continuait M. Tujou-Jrépar. Une petite bêtise attrapée et réparée contre un peu de ménage, le prix est honnête, n’est-ce-pas ? Venez cette semaine, quand vous aurez un moment. »

 

Chapitre 4

 

Pouvoir faire réparer toutes leurs bêtises sans que les parents le sachent fut une découverte sensationnelle pour tous les enfants du quartier. Dans les jours qui suivirent, les cris et les punitions furent remplacés par des félicitations. On n’entendait plus que des « comme vous avez été gentils, aujourd’hui ! » ou des «  quelle joie d’avoir des enfants si sages ! ».

Malheureusement, cet enchantement ne dura pas : aux yeux des parents, un enfant qui ne fait pas la moindre bêtise durant toute une semaine est l’objet des pires soupçons.

Particulièrement si un réparateur de bêtises est installé dans le quartier.

« Lucas, tu n’aurais rien cassé ? Ce n’était pas la soupière bleue que tu avais dans les bras ? Je t’ai croisé, en voiture, près de la boutique du réparateur de bêtises ! Ca arrive, une petite maladresse. », le questionna son papa sur un ton trop doux pour être sincère. «  Surtout quand on monte sur un escabeau bancal pour jeter un coup d’œil à son cadeau d’anniversaire caché sur le haut de l’armoire ! »  pensait Lucas, en se gardant bien de lui révéler sa bêtise… A quoi bon, puisque tout était arrangé ! En échange de quelques courses à faire dans le quartier, M. Tujou-Jrépar avait attrapé la petite bête de la soupière et avait recollé les morceaux si finement qu’il était impossible de voir la réparation à l’œil nu.

Les enfants faisaient tout leur possible pour être discrets lorsqu’ils se rendaient chez le réparateur, mais ils n’étaient pas invisibles.

«  Je crois que mes parents se doutent de quelque chose…

- Les miens sont presque sûrs. »

les enfants chuchotaient entre eux, mais ce qu’ils ne remarquèrent pas immédiatement c’est que leurs parents aussi faisaient des messes basses lorsqu’ils se rencontraient.

Un soir, un groupe de parents fit une réunion secrète chez Lucas. Celui-ci, depuis sa chambre, entendait des :

Nous allons lui expliquer

Il doit comprendre…

De quoi se mêle-t-il ?

Il n’a pas le droit !

Nous allons faire une…ation !

Impossible pour Lucas d’en saisir davantage et de comprendre ce que les adultes mijotaient.

Les soirs suivants, les parents s’enfermèrent dans les caves des immeubles pour mettre au point leur projet.

« Ils préparent un piège horrible, assurait Lucas à Julien, tremblant de peur. Ils vont le poser devant la porte du réparateur de bêtises, et ils attraperont tous les enfants et même M. Tujou-Jrépar, quand nous voudrons entrer ou sortir… »

 

Chapitre 5

 

Le suspense dura plusieurs jours. Un matin, les parents descendirent tous ensemble dans la rue Montempoivre.
Pendant ce temps, Lucas et Julien repeignaient le comptoir de la boutique de M. Tujou-Jrépar en échange de la capture d’une petite bêtise de « chewing-gum collé dans les chevaux » . La manifestation se dirigeait vers la magasin.

« Ils vont être furieux de nous trouver ici, s’écria Lucas. Il faut nous cacher, nous enfuir…

- Non, dit M. Tujou-Jrépar, nous allons leur préparer une petite réception… »

Les parents s’arrêtèrent devant la boutique en criant :

« Touchez pas à leurs bêtises ! Touchez pas à leurs bêtises ! »

M. Tujou-Jrépar sortit, les bras chargés de bocaux de petites bêtises. Il profita de l’étonnement des parents pour commencer par un petit discours.

« Vous ne voulez pas que je répare les bêtise ? Ah ! je vois ! Vous les aimez trop… ? Vous avez raison. Regardez comme elles sont mignonnes. Vous voudriez sûrement les voir de plus près ! »

Alors M. Tujou-Jrépar ouvrit les bocaux.

Les petites bêtises bondirent en gloussant de plaisir. A peine sorties elles devenaient invisibles…

« Au secours ! Sauve qui peut ! » criaient les parents en tentant de fuir la bousculade épouvantable.

Quelques instants plus tard, les premières bêtises avaient réussi à piéger leurs victimes.

On vit d’abord M. Dupneu monter en haut d’un réverbère, puis ce fut Mme Tiran qui renversa son flacon de parfum sur la tête de la mère de Lucas. M. Lheureux volait des bonbons chez la boulangère. Le père de Julien jetait des cailloux dans les vitres de la concierge. M Leguili, un homme très sérieux, donnait des coups de pied dans les poubelles jusqu’à les renverser : les habitants de la rue Montempoivre semblaient pris d’une folie contagieuse.

 

M. Tujou-Jrépar rejoignit Lucas et Julien à l’intérieur de son magasin. Tous les trois, installés aux premières loges, dans la vitrine de la boutique, passèrent un moment délicieux à contempler ce spectacle unique !

Puis, petit à petit, les parents s’aperçurent qu’ils avaient provoqué un désastre. Leurs cris se transformèrent en lamentations. Ils supplièrent M Tujou-Jrépar de rattraper les bêtises et de réparer les dégâts.

« Lucas et Julien, rentrez chez vous, maintenant. Je crois que je vais avoir du travail », leur dit-il.

Pour la première fois depuis son arrivée, une longue file d’attente se forma devant la boutique du réparateur.

 

Chapitre 6

 

-  Un homme extraordinaire, mon petit Lucas ! Il est drôle, charmant et d’une efficacité exemplaire. Ses connaissances en matière de bêtises sont encore plus étendues que celle de ton père pour la pêche au goujon, c’est peu dire ! 

- Crois-moi, c’est une bénédiction pour notre quartier. Vois-tu, Lucas, il peut arriver à tout le monde de faire une bêtise de temps en temps… 

Lucas ne rêvait pas ! C’était bien ses parents qui parlaient ainsi. Ils sortirent la bouteille de jus de raisin et la tarte aux pommes du dimanche, bien que ce fût un samedi. Ils passèrent la soirée à raconter leurs bêtises : les petites, les grosses, et même une ou deux affreusement irréparables.

La boutique, à partir de ce jour, ne resta plus jamais vide. On y venait seul, en cachette, ou bien entre copains, ou même en famille le dimanche.

M Tujou-Jrépar resta longtemps dans cette rue. Un jour, un ami lui apprit que, dans une autre ville, une colonie de bêtises faisait des ravages. Il décida d’y partir avec ses bocaux, son coffre, son laboratoire…

 

Mais, depuis son départ, tout n’est pas tout à fait redevenu comme avant. Bien sûr, on fait de nouveau un peu plus de bêtises et on les répare beaucoup moins bien. Mais lorsqu’un petit garçon ou une petite fille avoue une bêtise à ses parents, on n’entend ni cris ni menaces. Non !dans ce drôle de quartier, les parents se mettent à rire de bon cœur en pensant à M Tujou-Jrépar…. Ce rire suffit pour que les enfants se méfient des regards invisibles et tentants des bêtises qui, inlassablement, les guettent.

 

a) Démarche générale

Le  projet joue  lui-même sur une fiction. Le professeur  distribue la lettre (fictive) d'un certain Monsieur Libris, directeur d'une maison d'édition, qui propose à des classes de sixième de créer un dossier d'accompagnement au texte ( un profit d'un œuvre, en quelque sorte) en vue de le publier pour d'autres élèves de collège.
Outre la lettre, le dossier distribué à chacun des élèves  contient
-  le  texte intégral dactylographié, ( plus un exemplaire qui pourra être découpé)
- le cahier des charges  que les élèves devront remplir tout au long de leur lecture.

 

 

M  Libris,

directeur des éditions MILAN

31000 Toulouse

 

à

Mesdames et Messieurs

 les élèves de 6°                                                                  le 15 octobre

Collège de Provin

59285 Provin

 

 

Chers tous.

 

Si je vous écris aujourd’hui, c’est pour vous demander votre aide.  Nous approchons des fêtes de fin d’année, et pour les éditeurs, cette période est surchargée de travail. Nous devons terminer de publier les albums de Noël, et nous avons pris énormément de retard.

Ainsi, en accord avec votre professeur, je serais très heureux, si vous pouviez terminer le livre que nous espérons sortir pour le début de l’année 2000. Il s’agit du petit roman que je joins à mon courrier.

Comme vous pouvez le voir, il  lui manque la couverture, la quatrième de couverture et les illustrations.. Pouvez-vous vous charger de cette tâche?

Voici les renseignements dont vous aurez besoin: L’auteur est B. Landais et le titre est: le réparateur de bêtises.

Mais ce n’est pas tout. Ce livre est destiné à des élèves de collège. Je serais  donc très heureux si vous pouviez produire un document ( il pourrait avoir la même forme que le roman) pour aider vos camarades dans leur lecture. Je joins à la présente le projet que nous avons eu. Bien sûr, ne travaillez pas tout seul. Partagez-vous les tâches dans votre groupe.

  Je vous remercie de votre collaboration. A bientôt.

 

   M Libris

 

 

 

 

 

 

Projet de livret d’accompagnement. ( 1° partie)

 

Dans ce livret, il serait bon que l’on trouve:

 

Une fiche de présentation des personnages. Cette fiche décrirait les personnages principaux. On y trouverait leur nom, leur portrait, leur rôle dans le livre et leurs actions principales. Cette fiche de présentation peut prendre la forme d’une petite interview menée par un journaliste. Un dessin serait le bienvenu.

 

Une fiche de présentation des lieux du livre. On pourrait par exemple dessiner les lieux importants. Il est nécessaire d’expliquer aux lecteurs pourquoi ces lieux ont été choisis.

 

Les objets symboliques du texte. Il serait bon de présenter les divers objets importants qui tiennent un rôle dans l’histoire.  On ferait un dessin et une légende explicative. 5 objets suffisent. (Il est possible de faire un collage)

 

Les passages “clef” du livre. Il serait intéressant de découper 4 ou 5 extraits qui permettent de situer les moments les plus importants du roman. Ces extraits permettront au lecteur de mieux se repérer.

 

Autres idées

 

Projet de livret d’accompagnement. (21° partie)

 

Pour que le livret soit amusant, il serait bon de faire une  petite enquête auprès ... des parents ou des adultes qui  vous entourent. On pourrait leur demander de raconter une bêtise qu’ils ont faite alors qu’ils étaient petits.

 Le document final pourrait prendre cette forme:

 

Prénom: .

Age au  moment de la bêtise.

 âge et activité d’aujourd’hui

Titre de la bêtise:

 

Lieu et époque de la bêtise:

 

Récit de la bêtise.

 

 

Conséquence(s)  de la bêtise

 

Livret d’accompagnement (3 ° partie)

 

La machine à inventer des bêtises....

 

Avec les mots de ces tableaux tu peux former mille questions différentes. Choisis un élément dans chacune des trois colonnes pour former une question. Demande ensuite à l’un de tes camarades d’écrire une courte histoire pour répondre à la question.

 

 

Pourquoi

a-t-il mis

a-t-elle mis

 

dans un/une, son /sa

le /la, ton /ta

 

le professeur

Madame le Principal

Le boulanger

Le gendarme

Le président de la république.

le concierge

le militaire.

l’infirmière

la voisine

….

une grenade

un grille-pain

un oeuf

une mitraillette

une araignée

un ouistiti

un billet de 500 francs

une paire de chausettes

une tortue

un kilo de pommes

 

réfrigérateur

 cave

 sac à dos

 tiroir du bureau

 cartable

 coffre à bagages

 poubelle

 valise

 baignoire

 soupière

 cabine de douche

 

 

 

Exemple: Pourquoi le professeur a-t-il mis un ouistiti dans son cartable?

Depuis quelques jours, notre prof est fatigué. Il a trop de copies à corriger.  Ce matin , au lieu d’aller au collège, il est allé au zoo. Quand il s’est aperçu de sa bévue, il était trop tard. Un singe s’était glissé dans son cartable... Nous avons beaucoup ri quand, au lieu de sortir nos devoirs, notre professeur a laissé s’échapper le ouistiti. Pas de chance! Madame le Principal est entrée à ce moment précis. Elle s’est demandée si elle était principale de collège ou  directrice d’un cirque .

 

 

 

 

 b) lecture du texte.


L'idée du projet , d'abord par sa mise en scène- le professeur distribue à chacun un dossier dans une chemise de couleur-  ensuite par l'idée d' une production finale , suscite un intérêt certain auprès des élèves. 
 Mais la lecture attentive et...longue reste une difficulté qu'il est nécessaire d'aider à surmonter, particulièrement auprès d'élèves en mal de lire.
Pour essayer de résoudre au mieux ce problème, j'ai proposé plusieurs dispositifs d'aide à la lecture
.

 - pour le chapitre 1:

Lecture orale du professeur. Reformulation  collective du texte et travail de recherche sur le texte autour des thèmes du livret: les personnages, les lieux, le passage important, et l'objet symbolique. A la maison les élèves ont à terminer les dessins attendus (l'illustration et lieux) et à écrire le commentaire qui les accompagne( soit une phrase extraite du texte, soit leur propre commentaire). Tous ces documents écrits et dessins sont ensuite rassemblés , thème par thème, dans un nouveau dossier commun au groupe qui s'enrichira à chaque lecture

- Pour le chapitre 2:

lecture silencieuse et reformulation, en groupe, du texte. Le travail de synthèse est toujours le même.
(Pour exemple , je reproduis ici , un extrait d'un groupe enregistré alors que les élèves  se racontaient le texte)

 

Trois élèves : David,(D) Benoît, (B) Olivier (O).
Jimmy est absent.
Les élèves ont lu le chapitre 2 du Réparateur de Bêtises.
Le réparateur de bêtises


1. D : son réfrigérateur à moteur s’est cassé
2. B : tombé en panne
3. D : euh tombé en panne et euh et toutes les glaces fondaient tu vois tous les enfants euh se m- se met à à essayer de le réparer et quand y quand y était répaé ils ont tous eu une une glace à quatre boules et julien lui y’a pris une glace euh quat’ boules vanille
4. O : ouais
5. B : son parfum préféré.
6. D : parfum préféré.
7. <silence>
8. D: après euh
8. B: vas-y regarde
9. O : mal au ventre
10. B: il a mal au ventre
11. D : ouais il a mal au ventre plusieurs jours et euh + il a mal au ventre plusieurs jours d’autres jours et pis
12. M : au ventre
13. B : on est là et Lucas
14. D : si si on faisait semblant de donner un bain à mardi
15. B: attends après il captura Mardi
16. O : t’es où là
17. B : il captura Mardi pour lui prendre un bain il captura Mardi pour lui prendre un bain après il le lave avec du dentifrice et comme le dentifice (sic)
18. O: dentifrice
19. D : le dentifrice sent bon euh ‘fin +
20. B : le dentifrice sent la framboise
21. ++ <silence de 21 secondes>
22. D : ouais après qu’ils le lavent avec le dentifrice , ils font un massage à Mardi
23. O: ouais
24. B: pis après
25. D: après euh Julien voulait faire le coiffeur
26. B : ouais ouais
27. O: jouer au coiffeur
28. D: il voulait mettre des bigoudis mais les poils ils étaient trop pas assez longs plutôt
29. O: les poils étaient trop courts pour mettre des bigoudis
30. B: ça sentait le chien à la framboise
31. D: le dentifrice restait collé sur les poils du chien+ Lucas et Julien n’avaient plus envie (...)

 

 

 - Pour le chapitre 3 , lecture du professeur , les élèves écoutent. Ensuite distribution  d'extraits sous forme de texte puzzle. Validation par la relecture du chapitre. ( toujours en synthèse la prise de notes sur les personnages, le passage, l'objet symbolique)

  - Pour le chapitre 4, lecture silencieuse et retour sur la fin du chapitre: utilisation de l'illustration pour raconter l'extrait, anticipation de la suite.


  - Pour le chapitre 5: lecture du professeur et 2 questions:
Que fait le réparateur de bêtises pour s'opposer aux parents?
Faites la liste des bêtises évoquées dans le texte.


- Pour le chapitre 6, lecture silencieuse et, sous forme de" groupe de parole, groupe d'écoute" (voir l'article qui explique la démarche) explication de la fin du texte:

"Mais, depuis son départ, tout n'est pas tout à fait redevenu comme avant. Bien sûr, on fait de nouveau un peu plus de bêtises et on les répare beaucoup moins bien. Mais lorsqu'un petit garçon ou une petite fille avoue une bêtise à ses parents, on n'entend ni cris ni menaces. Non !dans ce drôle de quartier, les parents se mettent à rire de bon cœur en pensant à M Tujou-Jrépar…. Ce rire suffit pour que les enfants se méfient des regards invisibles et tentants des bêtises qui, inlassablement, les guettent. "

A la fin de la lecture , les dossiers thématiques de chaque groupe  sont rassemblés et redistribués . Chaque groupe doit traiter un des thèmes suivants:

a) les illustrations: lesquelles choisir et pourquoi?
b) les objets symboliques: lesquels garder et pourquoi?
c) les passages significatifs: lesquels garder et pourquoi?

C) les personnages.


Ce problème est traité à part puisqu'il va servir de support à une leçon de langue.
Pour aider les élèves je propose un questionnaire "mélangé". Aux élèves en groupe de choisir les questions qui correspondent le mieux aux personnages que l'on doit étudier. ( Ici rappel sur les niveaux de langue et  leçon de langue sur la phrase interrogative.

Fiche1 Le réparateur de bêtises: enquête sur les personnages.

 

 

      Un journaliste a préparé son interview des personnages. Hélas il a mélangé toutes les questions. Aidez-le à s'y retrouver.
 Mettez une croix  quand la question correspond bien au personnage. Attention certaines questions peuvent être posées à plusieurs personnages.

 

Questions

Lucas et Julien

M Tujou-Jrépar

parents

Niveau de

langue

Comment vous appelez-vous?

 

 

 

 

Qui êtes-vous?

 

 

 

 

Est-ce que vous pouvez-vous vous décrire?

 

 

 

 

Où habitez-vous?

 

 

 

 

Quel est votre métier?

 

 

 

 

Quel est votre passe-temps favori?

 

 

 

 

Vous avez toujours habité ici?

 

 

 

 

Est-ce que vous êtes sages?

 

 

 

 

Pourquoi, au début,  n'aimiez-vous pas le réparateur de bêtises?

 

 

 

 

Pouvez-vous raconter une de vos bêtises?

 

 

 

 

Quels sont les instruments de votre métier?

 

 

 

 

Qu'avez-vous fait pour essayer de vous opposer au réparateur de bêtises?

 

 

 

 

Vos services sont-ils gratuits?

 

 

 

 

Pensez-vous qu'un réparateur de bêtises est utile dans une ville?

 

 

 

 

Quand vous vous installez, vous restez toujours au même endroit?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fiche 2 Langue



Il y a plusieurs types et plusieurs façons de poser des questions, selon le niveau de langue que l'on veut utiliser.

Est ce que vous êtes sages? Admet la réponse…………………………………………………

Pourquoi avez-vous agi ainsi? Exige de………………………………………………………..

 

Voici trois façons de poser la même question:

 

Vous habitez ici?

 

 

 

 

 

Est-ce que vous habitez ici?

 

 

 

 

 

Habitez-vous ici?

 

 

 

 

 

 

Rédaction des fiches par groupe: chaque groupe chosit un interview. correction et amélioration. En voici trois exemples.

 

Interview de Lucas et Julien.

 

Comment vous appelez-vous?

Nous nous appelons Lucas et Julien. Nous sommes de très bons copains.

 

Où habitez-vous?

Nous habitons rue Montempoivre. En fait nous sommes voisins.

 

Pouvez-vous vous décrire?

Nous sommes comme tous les enfants. Mais il y en un qui aime la pêche et l’autre qui préfère les sucreries.

 

Etes-vous sages?

Pas du tout! Comme tous les enfants nous adorons faire des bêtises quand nous nous ennuyons. Mais nous savons aussi aider les personnes en difficulté. Par exemple, nous avons aidé la marchande de glace quand son congélateur est tombé en panne.

 

Pouvez-vous nous raconter une bêtise?

Bien-sûr! Une fois, nous avons voulu laver le chien. Mais il n’y avait plus de savon dans la salle de bain. Nous avons dû utiliser du dentifrice à la framboise. Catastrophe! D’ailleurs , ça sentait le chien à la framboise dans toute la maison.

 

Pensez-vous qu’un réparateur de bêtises est utile dans une ville?

Ah ça oui! D’abord il peut empêcher les très grosses bêtises qui peuvent virer au drame. Je pense à l’électrocution par exemple. Mais il est utile aussi pour les petites bêtises.

Moi, un jour, j’ai cassé la soupière de maman. J’ai pu la faire réparer . J’ai évité une punition.

 

Merci et bonne journée.!

 

 

 

Interview des parents.

 

 

Qui êtes-vous?

Nous sommes les parents de Lucas et de Julien.

 

Où habitez-vous?

Nous habitons rue Montempoivre à Paris. Nous sommes voisins.

 

Pourquoi, au début, n’aimiez-vous pas le réparateur de bêtises?

En fait, au début, nous trouvions ce monsieur bien étrange. Parfois, il était souriant, parfois il était sale comme un pou. Nous étions inquiets.

 Et puis, il faut le dire, son métier nous empêchait de tenir notre rôle. Imaginez un instant la disparition des bêtises! A quoi servirions-nous, nous les parents? Impossible de crier, de gronder, de punir...

 

Pouvez-vous raconter une de vos bêtises?

Oh oui! Bon nous n’évoquerons pas celles que nous avons faites quand nous étions petits. 

Mais après la manifestation, tous les parents de la rue ont fait des bêtises. Il y en a qui sont montés sur les réverbères, d’autres ont donné des coups de pied  dans les poubelles. On a frôlé la catastrophe!

 

Qu’avez-vous fait pour essayer de vous opposer au réparateur de bêtises?

Eh bien, tous les parents du quartier, nous nous sommes rencontrés plusieurs soirs de suite dans les caves des maisons. Nous avons organisé une manifestation pour faire partir M Tujou Jrépar. Nous sommes  donc descendus dans la rue et nous avons crié.

 

Pensez-vous qu’un réparateur de bêtises est utile dans une ville?

Au début, comme nous l’avons déjà dit, nous pensions qu’un réparateur de bêtises pouvait être dangereux. Après nous avons changé d’avis...

En effet, M Tujou Jrépar a réparé nos bêtises mais il nous a permis de parler avec nos enfants. Désormais plus personne ne crie dans le quartier. Grâce au réparateur de bêtises, nous avons appris à discuter avec nos enfants. C’est plutôt bien, non?

 

Bien, je vous remercie de m’avoir accordé cet entretien. merci et à bientôt.

 

 

 

Interview de M Tujou-Jrépar.

 

Comment vous appelez-vous?

Je m’appelle M Tujou-Jrépar.

 

Qui êtes vous?

Je suis un réparateur de bêtises. C’est un métier très rare.

 

Est-ce que vous pouvez-vous décrire?

 Bien sûr. Je ne suis plus très jeune. Je suis petit et je porte parfois des lunettes étranges. Je peux être très propre quand je suis dans ma boutique mais repoussant quand je reviens de “débêtiser” les égouts et les fleuves.

D’ailleurs les gens de la rue m’ont rejeté au tout début.

 

Où habitez-vous.
J’habite dans l’ancienne boutique de madame Duchoux.

 

Pouvez-vous expliquer votre métier?

 Je suis donc réparateur de bêtises, bêtises en tout genre et bêtises de première classe. C’est difficile à retenir mais ce n’est  pas trop compliqué à comprendre.

 

Vous avez toujours habité ici?

Pas du tout! Je suis un très grand voyageur. Je vais là où les bêtises sont les plus nombreuses. D’ailleurs, je repars demain pour aller voir ce qu’il se passe à l’autre bout du monde.

 

Pouvez-vous nous raconter une de vos bêtises?

Bien, je n’en fais pas beaucoup puisque je les répare. Mais j’en ai fait une hier, et volontairement.  Je vais vous la raconter. Tous les parents du quartier voulaient me faire partir. Ils se sont tous montés contre moi. En fait, ils voulaient garder les bêtises pour pouvoir hurler après leurs gamins. ... je leur ai donc toutes rendues... J’ai eu beaucoup de travail ensuite: j’ai dû toutes les récupérer.

 

Quels sont les instruments de votre travail?

J’ai un ordinateur parce que je suis moderne. J’ai aussi des poudres, des lotions et des bocaux. Ces bocaux sont en verre spécial. Et on se passe le secret de père en fils.

 

Vos services sont-ils gratuits?

Ah! A  moitié! En échange d’une réparation de bêtise, je demande un petit service. Rien de plus!


Merci Monsieur et bon voyage!

 

 

D) Projet finn : écrire le livre des bêtises.

 

Quelques bêtises de parents et de professeurs sont revenues. Je les ai tapées et distribuées aux élèves.
Ensuite ensemble, on a fait fonctionner la machine à bêtise. Un travail d'écriture et d'amélioration est alors proposé.

E) Lectures complémentaires autour de la bêtise

Une leçon de langue sur l'imparfait et le passé simple:

L’enfant doré.
(Denis Fabé( eh oui!))

L’enfant doré sortit de sa soucoupe. Le déplacement interstellaire n’avait pas été très long, quelques années lumières seulement. Xalun se sentait bien. Aucun problème technique n’avait perturbé son voyage de fins d’étude et il était prêt à rencontrer les étranges créatures de la planète Terra.
Lentement, il posa le pied sur le sable de la plage. Son maître lui avait dit qu’il allait sans doute être surpris par l’odeur de la mer terrienne. En effet, il était charmé. Il respira le parfum des algues et les bruits des oiseaux endormis. Le crissement des aiguilles de pin courait sur sa peau. « Terra est un monde extraordinaire !» disait le prospectus de l’agence, et, pour une fois, la publicité n’avait pas menti.
Sans s’attarder au décodage de toutes ces sensations nouvelles, l’enfant doré se dirigea vers la maison qu’il avait choisie comme but de sa visite. C’était une charmante fermette aux volets verts. Les fenêtres étaient closes, rien ne bougeait, tout semblait silencieux. Pourtant les humains qui l’habitaient étaient rentrés depuis déjà deux heures : Xalun avait vérifié leur emploi du temps sur l’écran X27 des données extrasystèmes. Ce jour là, le grand mâle avait quitté son travail plus tard que de coutume. Il avait participé à un conseil de classe et comme d’habitude , il avait déploré avec force le langage trop familier de ses élèves.
L’enfant doré posa sa main sur le mur et écouta. Le grand mâle semblait encore un peu tendu. Il se disait professeur de langue et de littérature françaises . Il affirmait aussi que tout individu, quel qu’il soit, avait le devoir de bien parler. Les deux petits du grand mâle, eux, ne disaient rien. Xalun les regardait à travers le mur. Ils se tenaient raides, les mains posées sur la table, et attendaient que la colère du grand mâle s’apaise.
Enfin, Xalun se décida. Il se matérialisa dans la pièce et brancha son traducteur multifractal. En signe de paix, il leva son unique doigt et dit : « Salut les potes, on s’en tape une ? » Xalun tremblait un peu : « Le frichti a l’air canon de sa mère. Et si on s’en refilait un bien baveux ? ça ne nous trouerait pas trop la bidoche… »
La réaction ne se fit pas attendre. Le grand mâle devint rouge écarlate, saisit la soupière posée devant lui et la jeta sur Xalun. Terrorisé, l’enfant doré se télétransporta dans sa soucoupe. Il avait sans doute dit quelque chose de mal.
Sur le chemin de retour, il vérifia les liaisons de son convertisseur langagier dernier modèle. La machine était bien branchée sur la cour d’une école… et l’école était bien le lieu où les petits terriens apprenaient à bien parler. Son maître le lui avait confirmé. Pendant des heures Xalun s’interrogea en vain, il ne comprenait rien. Il avait fait une bêtise, mais il ne savait pas laquelle.

• Souligne toutes les phrases qui contiennent un verbe au passé simple .
• Relis-les à la suite les unes des autres ? Que remarques tu ?
• Quand utilise-t-on le passé simple ?
• Quand utilise-t-on l’imparfait ?

Exercice :
Voici la suite de l’histoire. Parmi les deux formes (imparfait ou passé simple) choisis celle qui te semble convenir.


Mais Xalun n’en reste pas à son premier échec. Arrivé sur sa planète, il va voir son maître qui éclate de rire. L’enfant doré est un peu vexé mais le maître lui explique qu’une école terrienne ne ressemble pas aux écoles de Fantoum4. « Tu sais, dit-il, il y a plusieurs lieux dans ce qu’ils appellent collège. Il y a la cour , et les cours, ce n’est pas pareil » Xalun est vite rassuré. Il comprend que dans « la cour », les enfants parlent en toute liberté. Dans « les cours » ils apprennent cette belle langue que le grand mâle enseigne.
Il branche donc sa machine sur une salle de classe et écoute. Il travaille beaucoup et au bout de quelques semaines, Xalun sait toutes ses leçons de grammaire. Il connaît même la règle des participes passés et utilise un vocabulaire des plus raffinés. D’ailleurs quand il se promène dans son astronef, il récite des poésies, écrit des pièces de théâtre à la façon de Molière.
Enfin, il se décide à repartir sur Terra. Mais une erreur de pilotage le détourne de sa route initiale. En effet, alors qu’il doit faire une manœuvre délicate, il ne s’est plus souvenu du sens du mot « séraphique ». Le temps de chercher sur son dictionnaire, Xalun a changé de cap. Il atterrit donc en plein milieu d’un terrain vague.

Exercice2 :
Un élève a déjà fait le travail mais quelques erreurs se sont glissées dans son exercice. A toi de les corriger.

Les odeurs ne furent pas les mêmes. Ca sentait les poubelles. De vieux pneus finirent de brûler près d’une palissade défoncée. L’enfant doré , à nouveau, s’avançait. Une bande de petits terriens vêtus de pantalons troués et coiffés de casquette sans oreilles discutèrent en crachant de la fumée. Ils faisaient même des bruits bizarres avec leur bouche mais ils semblèrent bien s’amuser.
Xalun levait son doigt en signe de paix et dit :
« Frères et compagnons de la terre océane.
Accueillez mon discours , parlons enfin de paix.
Echangeons sans tarder l’amour qui nous a fait
Et inventons un monde où la joie nous enflamme. »
La réaction ne se faisait pas attendre. Les petit terriens se levèrent, s’approchaient de Xalun et commencèrent à l’insulter :
« T’es qui toi, un Bourge ? Ta mère , elle vend des nains chez Prisunic ou quoi? Fous le camp ! On veut pas d’un meu-meu de ton look ! »
Terrorisé, Xalun s’enfuit et disparut à jamais dans l’espace infini.



Et d'autres textes... R Dahl, B Friot..

 

Asticots

Je m'ennuyais, oh comme je m'ennuyais !
Papa avait invité tous les gens importants de l'usine et il m'avait obligé à assister au dîner. Quand je suis entré dans le salon, il m'a présenté en disant : “ Et voici votre futur patron ! ” Parce que l'usine lui appartient, et elle sera à moi quand je serai grand.
En attendant, je m'ennuyais à mourir. Ils parlaient tous de choses qui ne m'intéressaient pas, que je ne comprenais même pas. Alors, j 'ai été content quand papa m'a demandé d'aller chercher la salade. J'avais mal aux jambes à force de rester assis sans bouger.
Je suis allé à la cuisine. Tout était préparé sur une table roulante. Il y avait une petite coupe en cristal pour chaque invité, avec des feuilles de salade, des crevettes et des amandes grillées pour décorer.
En voyant les coupelles de salade, tout à coup, je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé aux asticots. Aux asticots pour la pêche que je conserve dans le frigidaire, derrière le pot de fromage blanc.
J'ai sorti la boîte du frigidaire, j'ai ôté le couvercle et j'ai glissé un asticot dans chaque coupelle de salade. Ensuite, j'ai poussé la table roulante jusqu'à la salle à manger. J'ai servi les invités et je me suis assis.
Après, je ne me suis plus ennuyé. J'ai regardé comment ils se débrouillaient avec leur asticot. C'était très intéressant. Sauf papa. Il n'arrêtait pas de parler. Il a avalé sa salade et son asticot sans rien remarquer.
Mme Dumont, la secrétaire de direction, a failli s'étouffer quand elle a aperçu la gentille petite bête qui se tortillait au milieu des crevettes. Mais elle est maligne. Elle a regardé à droite, elle a regardé à gauche et, pfuit ! de la pointe de son couteau, elle a expédié l'asticot le plus loin possible. Ni vu ni connu.
M. Lechansu, le chef comptable, lui, il m'a plutôt impressionné. Quand il a découvert l'intrus, il a à peine froncé un sourcil : il l'a soigneusement enveloppé dans une feuille de salade et l'a avalé sans broncher.
Le plus drôle, je trouve, c'était M. Terrier, le chef du département informatique. Quand il a vu l'asticot, il a eu un hoquet si violent que ses lunettes ont dégringolé dans son assiette. Il les a repêchées et les a remises sur son nez, puis il a fixé la pauvre bête d'un air horrifié comme si elle allait lui sauter à la figure. Ça a bien duré deux minutes. Alors, je l'ai un peu aidé. J'ai demandé :
- Vous n'aimez pas les crevettes, monsieur Terrier ?
Il a balbutié :
- Si, si... c'est-à-dire non..., je veux dire oui... oui, bien sûr...
Et, courageusement, il s'est lancé. Il a avalé l'asticot, d'un seul coup, avec un énorme morceau de pain, puis il a vidé un verre d'eau pour faire passer le tout. Oh, la tête qu'il faisait !
J ai dû me cacher derrière ma serviette tellement je riais.
Mais, brusquement, mon père m'a rappelé à l'ordre :
- Jean-Victor, dépêche-toi de manger. Tout le monde a fini depuis longtemps.
Il avait sa voix de président-directeur général. Alors, je n'ai pas discuté. En trois coups de fourchette, j'ai avalé ma salade. Et l'asticot.
Bernard Friot.

Toujours pareil

C'est toujours pareil...
La maîtresse tire sa chaise, derrière le bureau. Les uns après les autres, elle nous regarde. Elle nous inspecte, plutôt. Enfin, elle s'assoit. (En fait, elle ne pose qu'une fesse sur la chaise, parce que la chaise est trop petite pour le derrière de la maîtresse.) Et puis elle se lève, brusquement, tellement brusquement que tout se met à trembler sur elle : ses joues, sa poitrine, son ventre et le gras de ses bras. Et puis elle fonce sur moi et elle crie :
- Martial ! Encore toi ! Toujours toi !

Mais aujourd'hui, j'ai mis un œuf sur sa chaise, un bel œuf tout frais pondu.
La maîtresse a tiré sa chaise, derrière le bureau. Les uns après les autres, elle nous a regardés. Elle nous a inspectés, plutôt. Enfin, elle s'est assise. (En fait, elle n'a posé qu'une fesse sur la chaise, parce que la chaise est trop petite pour le derrière de la maîtresse.) Et puis, elle s'est levée brusquement, tellement brusquement que tout s'est mis à trembler sur elle, ses joues, sa poitrine, son ventre et le gras de ses bras. Et puis, elle a foncé sur moi et elle a crié :
- Martial ! Encore toi ! Toujours toi !
C'est bien ce que je disais : c'est toujours pareil.
Sauf que c’était différent.

Bernard Friot


Histoire renversante

Elisa-Marie Lalande mange au restaurant, aujourd'hui, avec ses parents. Le maître d'hôtel prend la commande. Elisa-Marie pointe du doigt sur la carte les plats qu'elle a choisis :
- Je veux du consommé de homard, dit-elle, puis du civet de chevreuil et de la charlotte aux
pêches.
Le maître d'hôtel note, s'incline et s'éloigne.
Quelques instants plus tard, un serveur apparaît. Il pose une grande assiette blanche devant Élisa-Marie. Sur l'assiette est placée une coupelle de porcelaine rouge et or contenant le consommé de homard. Élisa-Marie, à deux mains, soulève la coupelle et la renverse sur la table.
- J'aime pas ça ! dit-elle.
La soupe claire dégouline sur la nappe, la moquette, sur la jupe de soie de Mme Lalande. Mme Lalande jette un coup d’œil étonné à sa fille, secoue légèrement sa jupe et reprend sa conversation avec son mari.
Le serveur, très raide, lèvres pincées et sourcils froncés, éponge la nappe, la moquette. Mais pas la jupe de Mme Lalande. Puis il ramasse l'assiette et la coupelle et disparaît.
Quelques minutes plus tard, un autre serveur s'approche. Il pose une assiette devant Élisa-Marie :
- Civet de chevreuil, annonce-t-il.
Élisa-Marie, à deux mains, soulève l'assiette et la renverse sur la table :
- J'aime pas ça !dit-elle.
Éclats de sauce sur la nappe, le mur, sur la cravate de M. Lalande.
- Oh, Élisa ! fait M. Lalande.
Le serveur, furieux, ramasse l'assiette. Un quart d'heure plus tard, nouveau serveur, nouvelle assiette. Charlotte aux pêches et son coulis de framboises.
Élisa-Marie, à deux mains, soulève l'assiette et la renverse sur la table.
- J'aime pas ça ! dit-elle.
Coulis coulant, dégoulinant. Taches sur la nappe, les chaises, sur la chemise de M. Lalande, le corsage de Madame. Mais ni l'un ni l'autre n'y prêtent attention.
Alors, le serveur, à deux mains, soulève Élisa-Marie et la renverse sur la table.
- J'aime pas ça ! dit-il.
Une chaussure tombe sur la moquette, le gilet d'Élisa-Marie glisse sous une chaise.
-Chérie, tiens-toi bien ! fait Mme Lalande.

Bernard Friot

Rédaction


Tous les lundis, c'est pareil. On a rédaction. “ Racontez votre dimanche ” . C'est embêtant, parce que, chez moi, le dimanche, il ne se passe rien :on va chez mes grands-parents, on fait rien, on mange, on refait rien, on remange, et c'est fini.
Quand j'ai raconté ça, la première fois, la maîtresse a marqué : “ Insuffisant. ” La deuxième fois, j'ai même eu un zéro). Heureusement, un dimanche, ma mère s'est coupé le doigt en tranchant le gigot. Il y avait plein de sang sur la nappe. C'était dégoûtant. Le lendemain, j'ai tout raconté dans ma rédaction, et j'ai eu “ Très Bien ”.
J'avais compris : il fallait qu'il se passe quelque chose le dimanche.
Alors, la fois suivante, j'ai poussé ma soeur dans l'escalier. Il a fallu l'emmener à l'hôpital. J'ai eu 9/10 à ma rédac.
Après, j'ai mis de la poudre à laver dans la boîte de lait en poudre. Ça a très bien marché : mon père a failli mourir empoisonné. J'ai eu 9,5/10.
Mais 7/10 seulement le jour où j'ai détraqué la machine à laver et inondé l'appartement des voisins du dessous.
Dimanche dernier, j'ai eu une bonne idée pour ma rédaction. J'ai mis un pot de fleurs en équilibre sur le rebord de la fenêtre. Je me suis dit : avec un peu de chance, il tombera sur la tête d'un passant, et j'aurai quelque chose à raconter.
C'est ce qui est arrivé. Le pot est tombé.
J'ai entendu un grand cri, mais comme j'étais aux W .-C. je n'ai pas pu arriver à temps. J'ai juste vu qu'on transportait la victime (c' était une dame) chez le concierge. Après, 1'ambulance est arrivée.
Ça n'a quand même servi à rien. On n'a pas fait la rédaction. Le lendemain, à l'école, on avait une remplaçante.
- Votre maîtresse est à l'hôpital, nous a-t-elle annoncé. Fracture du crâne.
Ça m'était égal. On a eu conjugaison à la place. La conjugaison, c'est plus facile que la rédaction. Il n'y a pas besoin d'inventer.

Bernard Friot.


Programme


Son père était psychologue, sa mère ingénieur en informatique. Ensemble, ils avaient créé un programme pour son éducation. Tout était prévu : le poids en grammes pour chaque ration d'épinards ; l'heure à laquelle il devait se coucher le samedi 3 juillet ; les baisers et les câlins auxquels il avait droit (2,1 baisers par jour en moyenne, 4,3 les jours de fête) ; la couleur des chaussettes qu'il porterait le jour de ses huit ans...
Tous les matins. l'ordinateur le réveillait en chantant un peu faux :"Réveille-toi, petit homme," puis il lui annonçait le programme de la journée. Il obéissait sans peine, suivait sans rechigner les instructions. Il était programmé pour ça, après tout. Une seule chose le gênait : de temps en temps, l'ordinateur annonçait :"Aujourd'hui 16h32: bêtise."
Ses parents savaient qu'un enfant normal, parfois fait des bêtises." C'est inévitable, disaient-ils, et même indispensable à son équilibre."
Lui, il avait horreur de ça. Pas tellement parce qu'ensuite, on le grondait. Il sentait bien que ses parents faisaient semblant de se fâcher et qu'ils étaient fiers, en réalité, quand il imaginait une bêtise originale. Mais, justement, c'était ça qui était difficile. Il n'avait pas d'imagination et devait se torturer la cervelle pour inventer, chaque fois, une bêtise nouvelle.
Il avait électrifié la poignée de la porte d'entrée, un soir où ses parents avaient organisé une grande réception. Il avait lâché des piranhas dans la piscine, pendant que sa grand-mère se baignait. Il avait transformé le fauteuil de son instituteur en siège éjectable. Un jour, même. il avait piraté les ordinateurs qui commandent les feux rouges de la ville et provoqué des embouteillages monstres. Et bien d'autres choses encore.
Mais maintenant, il était à court d'idées. Il ne savait vraiment plus quoi inventer. Alors, ce matin-là, quand l'ordinateur annonça :"Aujourd'hui, 7 h 28 : bêtise" , il réfléchit désespérément. Et, juste à temps, il trouva la seule bêtise qui lui restait à faire.
Il s'assit devant l'ordinateur, appuya sur toutes les touches, donna des milliers d'instructions et détruisit, à tout jamais, le programme qui l'éduquait.

Bernard Friot

Un extrait de Moi Boy R Dhal ,( texte puzzle)

Son tablier était gris de poussière et graisseux, son corsage était maculé des reliefs du petit déjeuner: miettes de toast, taches de thé, éclaboussures de jaune d'œuf desséché. C'était ses mains, néanmoins, qui nous dégoûtaient le plus. Elles étaient immondes, noires de crasse. On aurait dit qu'elle avait passé sa journée à mettre des boulets de charbon sur le feu. Et n'oubliez pas que c'était ces mains-là, ces doigts-là, qu'elle plongeait dans les bocaux quand nous demandions pour un penny de caramels, de boules de gomme ou de pralines.


Cet endroit, nous décidâmes qu'il nous servirait de cachette secrète pour nos bonbons et autres petits trésors tels que marrons, cacahuètes et œufs d'oiseau.
Tous les après-midi, une fois la dernière leçon terminée, nous attendions tous les cinq que la salle de classe se fût vidée, puis nous soulevions la lame de plancher pour examiner notre trésor, y ajoutant ou en retirant parfois quelque chose.
Un jour, ayant soulevé la planche, nous vîmes, gisant parmi nos trésors une souris morte. C'était une découverte excitante. Thwaites la saisit par la queue et l'agita devant nos visages.


- Surtout, choisis un bocal qui sert souvent, dit l'un de nous.
- Je vais la mettre dans les boules magiques, dis-je. Le bocal des boules magiques n'est jamais derrière le comptoir.
- J'ai un penny, dit Thwaites, je vais lui demander un Frisson et un lacet de réglisse. Pendant qu'elle se retournera pour les prendre, tu balances en vitesse la souris dans les boules magiques.


En arrivant à hauteur de la boutique, nous aperçûmes une pancarte en carton accrochée à la porte.
FERMÉ, disait la pancarte. Nous nous arrêtâmes, sidérés. Jamais à notre connaissance la confiserie n'avait été fermée à cette heure de la matinée, pas même le dimanche.
- Qu'est-ce qui est arrivé ? nous demandions-nous les uns aux autres. Qu'est-ce qui se passe?
Le visage appuyé contre la vitrine, nous regardions à l'intérieur. Mme Pratchett n'était nulle part en vue.

- Dis-le-nous, toi !
- Ça provoque chez elle une crise cardiaque, annonça Thwaites. Son cœur s'arrête de battre et elle meurt dans les cinq secondes.
Mon propre cœur cessa de battre un instant. Thwaites braqua un doigt sur moi et déclara d'un air sombre :
- Tu l'as tuée, j'en ai peur.
- Moi ? m'exclamai-je. Pourquoi moi seulement?
- C'était une idée à toi, dit-il. Et en plus, c'est toi qui l'as mise dans le bocal.
Voilà que j'étais devenu brusquement un assassin.


M. Coombes avait l'air sombre. Son visage rose jambon avait pris cette expression menaçante qui n'apparaissait que lorsqu'il était au comble de l'irritation et sur le point de passer un savon formidable à un élève. J'étais assis, tout petit et terrifié, sur un des bancs, parmi tous les autres jeunes garçons et, à cet instant, le principal avec sa toge noire drapée sur ses épaules, me fit l'effet d'un juge siégeant à un procès criminel.
- Il cherche l'assassin, me chuchota Thwaites.
Je me mis à frissonner.

Une seule porte donnait de l'école sur la cour de récréation. Elle s'ouvrit soudain à la volée et, tel l'ange de la mort, M. Coombes apparut, gigantesque et massif dans son complet de tweed et sa toge noire, escorté vision incroyable mais vraie - par la petite silhouette de Mme Pratchett qui trottinait à son côté ! Mme Pratchett était vivante !
Un immense soulagement m'envahit. Elle est vivante ! chuchotai-je à Thwaites qui se tenait à côté de moi. Je ne l'ai pas tuée !


Mme Pratchett tourna les yeux et les fixa cette fois sur mon propre visage. Je baissai les miens et me mis à examiner l'asphalte noir qui recouvrait la cour de récréation.
Je l'entendis vociférer.
- Et en v'là un autre ! Celui-là, là !
C'était moi qu'elle désignait maintenant.
- Vous êtes tout à fait sûre ? demanda M. Coombes.
- Evidemment, je suis sûre ! glapit-elle. J'oublie jamais un visage, surtout un qu'a l'air aussi hypocrite ! Il était bien dans le tas ! Ils étaient cinq en tout! Voyons un peu, où sont les trois autres ?

Thwaites s'avança, très lentement.
- Penchez-vous, dit M. Coombes.
Thwaites se courba en deux. Les yeux rivés sur lui, nous étions hypnotisés. Nous savions, bien entendu, que les garçons, de temps à autre, recevaient des coups de canne, mais jamais nous n'avions entendu dire que d'autres élèves étaient forcés d'assister à ce châtiment.
- Plus bas, mon garçon, plus bas ! ordonna sèchement M. Coombes. Touchez le sol !


- Celui-là, c'est le plus culotté de la bande, m'sieu le directeur ! Faut pas le louper, celui-là ! Cognez ferme !
Et c'est exactement ce qu'il fit. Quand le premier coup atterrit en claquant comme un pistolet, je fus projeté en avant si violemment que si mes doigts n'avaient pas touché le tapis, je serais sans doute tombé à plat ventre. Je réussis en fait à me retenir sur les mains et à garder l'équilibre. Au début, j'entendis seulement le clac et ne ressentis absolument rien, mais une fraction de seconde plus tard, la brûlure qui s'irradia à travers mes fesses fut si terrible que j'en eus le souffle coupé.

Mais comme je m'apprêtais à grimper dans la baignoire, ma mère étouffa un cri horrifié.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? fit-elle d'une voix blanche. Qu'est-ce qui t'est arrivé?
Elle avait les yeux fixés sur mon derrière. Je ne l'avais, quant à moi, pas encore examiné jusqu'à ce moment-là, mais en tournant la tête pour jeter un coup d'œil à mes fesses, je vis les boursouflures violettes qui le zébraient, et la chair bleue et tuméfiée tout autour.

- Et qu'est-ce que tu as dit ?
- Je lui ai dit que c'était bien mon intention, dès la fin de l'année scolaire. Je te trouverai une école anglaise cette fois. Ton père avait raison. Les écoles anglaises sont les meilleures du monde.
- Ça veut dire que je serai pensionnaire ? demandai-je.
- Il le faudra bien, dit-elle. Je ne suis pas encore tout à fait prête pour emmener toute la famille en Angleterre.
Je restai donc à l'école de la cathédrale de Llandaff jusqu'à la fin du quatrième trimestre