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Lire la langue

En classes de 6ème et de 5ème, ou parfois même dans des classes de 4ème ou 3ème difficiles, les élèves ont besoin d’apprendre à se concentrer sur une tâche. Leur habitude de zapping permanent les met dans l’impatience de comprendre très vite, de comprendre avant d’avoir lu, avant de savoir exactement. D’où ces erreurs d’interprétation que le professeur constate quand il essaie de vérifier la compréhension des textes lus en classe ou à la maison ; d’où ce constat qu’ils ne sont pas allés jusqu’au bout de leur lecture, qu’ils n’ont pas lu, vu, ni compris la fin d’un récit. En conséquence, l’effort intellectuel qui consiste, quand on fait de la grammaire ou de l’orthographe à objectiver la langue -c’est-à-dire à poser, observer les faits langagiers, sa façon de parler ou d’écrire comme celle des autres- se révèle très difficile, voire impossible.
L’objectif des activités suivantes vise à travailler avec les élèves, quels qu’ils soient et même si ce sont d’excellents élèves, une forme d’attention à la chose écrite. Et pour que l’élève risque de se faire plus attentif, il faudrait que l’écrit le surprenne, casse la chaîne logique de ce à quoi il s’attend, de ce qui tombe sous le sens -le sens commun s’entend ; il faut que l’écrit joue avec la forme (le dessin, l’alphabet, la calligraphie), avec les sons (homophones, polyphonie en harmonie ou en cacophonie) et avec le sens (antonymes, paronymes, polysémie avec sens dit « propre » ou « figuré ») ; il faut que l’écrit retrouve une connivence avec les légendes qui donnent au diable le pouvoir de faire sortir la langue et les mots de la bouche et de la tête d’un personnage, les faisant apparaître et disparaître au gré de l’alternance des prépositions avec ou sans.
L’enseignant trouve des supports extraordinaires auprès d’écrivains de la littérature de jeunesse, comme Pef qui invente et réinvente la langue, matériau idéal que l’on peut tordre et distordre à l’envi ; comme tous les écrivains qui s’interrogent sur le langage et sur le sens de leur métier quand se dressent les barrières des interdits et des censures. Il en trouve aussi dans de superbes albums qui, s’adressant aux tout petits, usent et abusent des interférences et de l’interaction entre images et mots.