Les élèves sont parfois (souvent !) persuadés qu’un texte écrit ne fait que raconter ce qui s’est passé, qu’il n’y a qu’une façon d’inventer (Il était une fois…), que les histoires commencent et finissent toujours de la même façon. L’écrit ne peut être qu’une reproduction, imitation, copie du réel. Une fois qu’on l’a déchiffré, il ne livre plus rien, il est vidé de tout son sens. D’où l’inefficacité de l’injonction professorale : Mais relisez donc votre texte ! D’où la tentation de tourner sans les lire les trop longues pages de description qui ralentissent le rythme des aventures.
A quoi bon lire ou relire ? On a déjà compris ce qu’il était suffisant de comprendre, zappons, passons à autre chose…
L’objectif des quelques activités proposées ici serait d’amener l’élève à envisager les multiples formes que peut prendre l’écrit ; à être capable, à la fois, de distinguer et de reconnaître les métamorphoses possibles d’un texte, sa polyphonie ou sa polysémie, pour prendre plus de plaisir à lire et à écrire, pour devenir plus « expert ».
Un texte peut en cacher un autre ou beaucoup d’autres. Ecrire, lire engage toujours celui qui le fait dans une aventure (des aventures) dont l’issue est incertaine. On ne sait jamais si on finira par résoudre l’énigme (les énigmes) posée(s) par le texte.
Plutôt que de parler de style, cette notion impalpable dont les correcteurs de copies se contentent de constater ou de déplorer l’absence ou la maladresse, nous préférons proposer aux élèves des « exercices » de lecture et/ou d’écriture qui leur font prendre conscience des choix que peut faire un écrivain, et partant, des choix, des modes, des cadres, des règles qu’eux-mêmes peuvent essayer, mettre à l’épreuve, quand ils lisent ou quand ils écrivent.