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Partager sa lecture

L'acte de lecture est généralement solitaire. Souvent reporté à la maison, il réclame un lieu calme, retiré des bruits de la foule et fait partie de ce qu'on appelle le travail « personnel » de l'élève. Dans la majorité des représentations sociales qui entourent l'école, lire - et lire beaucoup - représente le « plus » en termes de culture générale qui distingue les meilleurs élèves de la masse. La lecture fait aussi partie de ce qu'on appelle le «jardin secret», le domaine privé des goûts et des couleurs qui interdit son accès à l'enseignant de français. En même temps, il faut montrer, dans la société, prouver, à l'école qu'on a lu tel ou tel auteur, telle ou telle œuvre. Entre silence et bruit, le professeur de lecture, peut proposer a ses élèves de lire en classe, ménageant un temps individuel, puis collectif, à l'intérieur de groupes de travail. Lire en groupe c'est mettre en commun ce qu'on a compris d'un texte ou d'une œuvre, c'est reformuler avec ses propres mots, c'est « parler » le texte devant les autres, confronter sa « réception » à d' autres, c'est mettre en commun des chapitres ou des morceaux de texte différents qui composent une seule et même œuvre et dont le groupe doit faire la synthèse. Les élèves apprennent alors que le sens se construit avec et par les autres, en allant du texte à eux-mêmes, et vice versa. Lire ensemble, partager sa lecture, c'est aussi se répartir les tâches pour réaliser un dossier, un projet qui en amenant chacun à réinterroger, pas à pas, sa propre compréhension, oblige le groupe de lecteurs à une forme de coopération, proche de celle du lecteur-modèle de Umberto Eco.