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Papa !PH Corentin

L'école des loisirs

 

Images 1, images 2 images 3, images 4 (pdf)

 

Voici un album jubilatoire.
 "Papa!" de Corentin commence comme une histoire on ne peut plus réaliste, une sorte de récit de vie.   Un petit garçon fait un horrible cauchemar: un monstre dort à côté de lui . Il hurle" papa!"

Mais le livre, selon l'expression de Tauveron est "résistant". Si le  récit semble programmé, -

 

 

la couverture donne des indices ( faux bien sûr) et oblige le lecteur  à  émettre une seule hypothèse de lecture - l'histoire emprunte un  tout autre chemin. C'est en effet  le cauchemar qui se réveille parce  qu'il fait un cauchemar ,  le petit monstre appelant son papa-monstre parce qu'un un petit garçon dort à côté de lui. 
Rassuré il va  enfin se recoucher . Mais  l'histoire recommence, retrouvant  désormais sa programmation initiale.
Cet album joue donc  sur plusieurs aspects:

-         on a là un récit qui déprogramme sa lecture, détourne le lecteur de ses attentes,  lui en fait créer de nouvelles pour les décevoir à nouveau dans la suite du livre.

-          Corentin invente des mondes  parallèles où les évènements se répètent  tout en construisant une fiction des plus savantes. Il suffit pour s'en persuader d'analyser comment l'auteur dessine et dit ces mondes parallèles.  Les deux univers sont représentés  à la fois dans le dessin par les deux portes de chambre, les gestes identiques ;et dans la narration par toute une série de  répétitions de situations et de paroles d'adultes, qui se résolvent à  la fin.)

-         cet album présente l'image comme polysémique, voir trompeuse. Le lecteur se découvre manipulé, ballotté, et enfin ravi ' c'est mon cas) d'avoie été le jouet de la littérature.

1 Texte de l'album

 

1 Au lit, on lit.

2 Mais on y dort aussi. Bonne nuit!

3 Mais soudain…
   Hein ? Quoi? Qu'est ce que c'est?

4  (…)

5 " Papa!"

6 " Papa! Papa! Il y a un monstre dans mon lit!"

7 "Calme-toi! Tu as fait un cauchemar, c'est tout!

    Allez viens voir maman. Elle est au salon avec des amis."

8 " Qu'est-ce qu'il a , le petit bonhomme. " s'étonne un des invités.
     " Il a fait un gros cauchemar", dit papa.

9 " Allez, viens te coucher. Dis bonsoir à tout le monde", dit la maman.
10 " Et tu sais pourquoi tu as fait un cauchemar, gros bêta?

      C'est parce que tu as mangé trop de tarte aux pattes de mille-pattes. Voilà!"

11 Donc dodo. Mais soudain…
     Quoi? Qu'est ce que c'est?

12 "Papa!"

13 " papa! Papa! Il y a un monstre dans mon lit!"

14 " N'aie pas peur! Ce n'est qu'un cauchemar. Tu sais ce qu'on va faire? On va aller voir          

       maman au salon. Mais après tu vas te coucher …Hein?"

15 "Qu'est ce qu'il a mon petit bonhomme? " s'inquiète maman.

16 " Il a trop mangé de tarte aux pommes. Alors il a fait un gros cauchemar, voilà!"

      continue la maman. " Allez , on va se recoucher. Dis bonsoir à tout le monde."

17 " Essaie de dormir."

18 " Je te laisse la lumière. Fias un gros dodo."

19 Dodo donc…

     Oh!

20 Oh! L'autre…

21 Bon! Ça suffit! C'est la nuit et la nuit on dort.
     Et voilà! Et c'est tout… et voilà!

 

Une démarche possible.

Il me semble que le professeur doit " en rajouter", c'est à dire opacifier encore plus le travail sur l'album pour faire ressentir qu'un texte est un machine complexe qui met en scène son lecteur et l'oblige sans cesse à se décentrer de ses attentes.
Pour ce faire j'ai choisi la démarche désormais classique du dévoilement progressif

a) Je propose d'analyser la couverture et d'imaginer l'histoire que pourrait raconter cet album.
A partir de questions simples, (où? Quand? Qui? Pourquoi? Qui dit? Qu'est ce qui est dit?)  mon but est d'amener les élèves a se laisser piéger… et ils se laissent faire!
Un seul petit problème. Certains élèves peuvent comprendre le dessin du cri de l'enfant comme un bâillement. Mais le titre doublé du point d'exclamation, peut servir, par un jeu d'interprétation  à voix haute du mot "papa!", d'ouvrir d'autres interprétations.

 

b) Ensuite découverte sur transparent des  5 premières images.
Les illustrations  se focalisent sur le petit garçon, c'est lui qui semble parler , c'est lui qui est au centre du propos, le monstre n'apparaissant qu'aux deux dernières images.
Quelques questions possibles:

Qui est le personnage principal et pourquoi?  Quel est son problème? A quoi voit-on qu'il a peur?
Le monstre: description…
la cinquième image pose problème: les deux personnages ont les mêmes gestes et  semblent hurler tous les deux…mais qui dit "papa?"
Les élèves  naturellement identifient un seul locuteur ( normal, ja'ai tout fait pour et en plus" ! Est-ce que les monstres ont un papa? "
Ensuite je pose la question : qua va-t-il se passer ensuite?

Les élèves peuvent écrire leurs hypothèses qui évoquent toutes l'arrivée du papa humain, de la chasse au monstre, etc etc..
J'a photocopie en nombre l'image 5 que je distribuerai plus tard.

c) Pour continuer je distribue les 6 images suivantes.

La "déception" est grande et la jubilation aussi. Que se passe-t-il?  Les élèves reformulent le récit
Dans quel univers sommes nous?

Travail sur les monstres (leur gentillesse , on peut aussi essayer de leur donner un nom, un métier, le but étant d'accentuer cette nouvelle vision du texte.)

Retour sur l'image 5 et en travail de groupeessayer de répondre à la question: comment Corentin nous a-t-il piégés ,dans l'image, dans le texte…?
Les élèves sont amenés déjà à construire ( implicitement ) l'idée du monde parallèle.

d) Nouvelles hypothèses de lecture quant à la suite de l'histoire.  A ce moment certains parmi les élèves commencent à comprendre l'enjeu de l'album. Ils essaient à leur tour de déprogrammer le texte .. sans toutefois y parvenir complètement. Les élèves imaginent un renversement : le monstre devient le copain du garçon et  part visiter  son monde …etc mais en respectant lepoint de vue du monstre.

 

e) distribution des 7 images suivantes.
Même déception et même jubilation. Ici le travail peut être plus analytique:

- repérage des mondes parallèles sous forme de tableau .

- petit travail d'écriture: l'école des monstres et l'école des enfants.
On peut aussi interroger les élèves sur la travail de l'auteur en demandant quel était son but, ce qu'il voulait obtenir de ses lecteurs. Cette discussion sera reprise en fin de travail et noté sous forme de synthèse personnelle sur le classeur.

f) enfin lecture de la fin, avec cette question ( je n'en connais pas la réponse ) qui dit quoi? Il est possible ( mais ce serait dénaturer le texte.. de traviller sur le discour direct dans le récit et les verbe introducteurs. Pour ce faire , demander aux élèves de raconter sous forme de récit , cetet fin en y incluant obligatoirement le texte de l'auteur)

 

g) conclusion! Un texte est une machine complexe.
Lecture ensuite d'un texte piégé. À  choisir parmi tous ceux que l'on a dans nos cartables.

 

D Fabé