Sommaire.
Le Mangeur de mots
Dedieu, Seuil Jeunesse, 1996 (album)


Son nom, c'est Le Bougni Antoine, ou le Bougni tout court, c'est comme on veut.
Le Bougni, au début, était un enfant comme un autre. Rien ne le distinguait des petits garçons de son âge. Comme eux, il préférait déballer ses jouets que ranger sa chambre. Comme eux, il aimait mieux les pâtes que les petits pois, les bonbons plutôt que les fessées.
Pareil, tout comme.
Il voulait tout savoir, tout connaître. Dès qu'il sut parler, il posa des centaines de questions.
- Quand est-ce qu'on mange ?
- Pourquoi les maisons ont des toits sur la tête ?
- C'est quoi un olibrius ?
- Qui a mis tous les poissons dans l'eau ?
- Pourquoi les arbres poussent vers le haut ?
- Qui ? Que ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ?

Il contemplait le monde derrière une forêt de poins d'interrogation.

Quand il ne posait pas de questions, Le Bougni avançait des suppositions, se donnait des explications, inventait des solutions Tout le temps,il parlait. Parlait, parlait.
Pour sa mère, c'était dur.
Pour son père c'était dur.
Dans la tête de Le Bougni, les idées se croisaient. Il parlait d'une chose, et déjà lui venait l'idée d'une autre. Qui naissait, grandissait et qui attendait à la porte de ses lèvres. Ça se bousculait dans la bouche. Ça chahutait. Et forcément, ça se chevauchait.
Dehors, on ne comprenait rien. Il ne séparait plus les mots. Tous étaient collés à la suite. Ça donnait des phrases comme ça :
Leballonestdégonflécardemaincémercredi. Yaplusdelaitdansmoncartablépuisé ? Céquiquiataché-
montablierauchocolat ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

Le Bougni s'était fabriqué son propre langage. Il parlait le « Le Bougni ».
Ses parents étaient inquiets. Le dialogue était impossible. Sa mère lui demandait de bien articuler tous les mots, de sé-pa-rer tou-tes les syl-la-bes. Mais rien n'y faisait. C'était du chinois, en pire.

Un jour, excédés, ses parents lui dirent qu'ils ne lui parleraient plus tant qu'il mangerait tous ses mots.

Pour Le Bougni, ce fut la révélation. Mais, oui, c'était donc ça ! Comme d'autres sont buveurs d'eau, mâcheurs de chewing-gum, ou suceurs d'os de poulet, lui était : mangeur de mots.
Et il y prit goût.
Bien sûr, il se nourrissait de yaourt et de viande, mais aussi de verbes et de sujets, parfois même de compléments.
Il écoutait puis il répétait les mots qui lui semblaient les plus appétissants : « chantilly fraise couscous spaghetti », « poulet vanille »...
Puis il eut l'appétit d'autres mots : « locomotive », « bigoudi ». Il préférait les mots ronds et joufflus. Certains mots l'agaçaient : le mot « taxi » le faisait tousser, il le recrachait tout de suite. Pareil pour « casquette » ou « tarentule ».

Le Bougni apprit à lire ou, du moins, à reconnaître la forme des mots. Il ouvrait un livre à n'importe quelle page et composait son menu.
En entrée, les petits mots : les « déjà, là, oui, bof », etc.
En plat principal, les mots un peu gras : « gargouille », « administration » ou « voisinage »... Les mots en sauce avaient sa préférence : « au-delà du pont », « en face de la gare ».
Enfin, au dessert, il se régalait de pâtisseries (car il n'aimait pas le fromage). Une « menuiserie » avec une « alouette » sur le dessus, comme la cerise sur le gâteau.
Le Bougni mangeait goulûment. Sans mâcher. Il dévorait plus qu'il ne savourait. Pour « menuiserie-alouette », on entendait : « menuette ».

C'était joli, mais inaudible, presque indigeste.

Surtout qu'au lieu de goûter raisonnablement, et de s'abstenir de manger entre les lectures à haute voix, il grignotait sans cesse. Gobant, là, un mot sur une affiche dans la rue, picorant, ici, un complément d'objet direct dans le titre d'un journal, suçant une épithète...
Si bien, qu'un beau jour il fit une indigestion. Plus rien n'arrivait à passer, même pas une interjection, oh ! là ! là ! Rien.
Dans un gargouillement, il tomba à genoux et vomit deux ou trois consonnes.
Ses parents affolés, après l'avoir allongé sur le lit, appelèrent le médecin. Il ausculta Le Bougni et lui fit prononcer : 33, 33. Et Le Bougni répéta : « tendres doigts, tendres doigts ». Le médecin retira vite ses doigts de la bouche de l'enfant et conclut que Le Bougni mangeait trop. Les parents furent étonnés par ce diagnostic, car leur enfant s'alimentait normalement. Pourtant, dans le doute, ils suivirent le conseil du médecin et demandèrent à Le Bougni de suivre un régime. En enfant sage, Le Bougni fut d'accord.
Désormais, il ferait attention à ce qu'il dirait.

Ses parents surveillaient son alimentation, et Le Bougni surveillait ses récitations. Il se contentait le matin de dire le jour et la date marqués sur le calendrier, accompagnés de deux ou trois réflexions sur le temps qu'il faisait et puis il filait à l'école avec, dans le ventre, un petit creux.
Fini de rabâcher la liste des élèves pendant les récréations. Fini de goûter d'une page d'un magazine.
Le régime était sévère, mais très vite, il porta ses fruits. Le Bougni se faisait comprendre, son débit plus lent lui permettait de bien séparer les mots à la grande joie de ses parents. Mais pour lui, tout n'était que frustration. Tout ce qu'il avait en tête, toutes ses idées, ses interrogations n'arrivaient pas à se concrétiser avec si peu de mots.
À quoi bon demander : quel temps fait-il ? Quand, au fond de soi-même, on voudrait savoir : comment naissent les nuages ? Comment se fabrique la pluie ? Pourquoi le soleil ne brille que le jour ?...
Alors Le Bougni fit la grève de la faim. Il se tut.

On rappela le médecin. Le Bougni ouvrit grand sa bouche. On ne constata aucune anomalie. Les organes de la parole étaient intacts. On crut alors qu'il était sourd. Le Bougni ouvrit grand ses oreilles. Les organes de l'audition étaient intacts.
On dut se rendre à l'évidence. Le Bougni était muet. Volontairement muet.

Voici un exemple de sa réponse, quand sa mère lui demandait ce qu'il avait fait à l'école dans la journée :
« ...............................................................................................................
.................................................................................................................
................................................................................................................
................................................................................................................
................................................................................................................
................................................................................................................»

Même s'il ne parlait plus, Le Bougni n'arrêtait pas de penser, de regarder, de sentir et de ressentir. Alors, pour se faire comprendre sans parole, il utilisa son nez, ses mains, sa peau, son regard... Tout participait à lui faire découvrir le monde et à s'en faire comprendre.
Un jour qu'il était dans sa chambre, finissant de s'habiller pour sortir, son chat lui dit : « N'oublie pas tes bottes et ton ciré, il va pleuvoir. » Le Bougni le remercia de son conseil, et s'habilla en conséquence.
Le chat bien évidemment n'avait émis aucun son, mais le dialogue avait bien eu lieu. Le matou avait passé sa patte derrière son oreille pour prévenir de l'orage et Le Bougni l'avait remercié d'un clignement d'œil.

Les progrès de communication de Le Bougni étaient considérables.
Le langage du corps s'avérait bien plus expressif que tous les mots dont disposent les hommes. Le regard, à lui seul, pouvait exprimer des centaines d'émotions (doute, joie, peine, lassitude, peur, passion...).
Et les mains ! qui se crispent, se figent, serrent, caressent, tremblent, suent, battent, saluent...
Tout ce nouveau vocabulaire permettait à Le Bougni d'exprimer plusieurs sentiments en même temps. La peau parcourue d'un frisson, un sourcil qui se soulève, un front qui se plisse, un index qui désigne, une main qui frôle, des lèvres qui se cabrent puis esquissent un sourire...
Tout en lui était expressif.

Ses meilleurs professeurs étaient les animaux.
Du chien, il apprit le rôle des oreilles, du nez, du regard, certains gestes de soumission ou de domination.
Du chat, le rôle des poils. Des leçons de sagesse, de méditation. Savoir être vif quand il le faut, garder son calme le reste du temps. Patience. Ruse. Détermination. Indépendance.
L'apprentissage aidant, Le Bougni explora des langues volatiles.
Celle des fleurs, par exemple. Il pouvait discuter des heures avec les marguerites, écouter le glaïeul lui raconter sa folle jeunesse parmi les pissenlits.
C'était merveilleux, il aimait ça. Ça se sentait.
Le Bougni parlait aussi des langues marginales, discrètes à l'excès, comme le « statue » dans les jardins publics, le « dictionnaire des bibliothèques » ou encore le « mobilier » réservé aux chaises, tables et buffets de salon... Les crises de rire avec la scie égoïne ! Les disputes avec le tabouret de cuisine et les leçons de choses avec la porte cochère !

Il n'était pas dans la norme. On plaça Le Bougni en « maison ». Un établissement spécialisé où il retrouva des enfants comme lui.
Quand Le Bougni entra dans la vaste pièce où ils étaient rassemblés, il fut accueilli par un silence assourdissant.
Aucun mot n'avait été prononcé, mais chacun, dans son langage, avait salué Le Bougni, qui, à son tour, se présenta en langue « fourmi ». Par petits gestes saccadés, par d'innombrables battements de cils, deux ruades et une reculade, il dit son nom, qu'il était content de faire leur connaissance.

Qu'il était sûr de bien s'entendre avec eux.

Pas si facile pourtant de communiquer avec les autres pensionnaires. Ils connaissaient trop de façons de s'exprimer.
L'un pouvait employer le langage « fleurs », et l'autre lui répondre en « chat » et tout aussi bien poursuivre ses explications en « lit pliant ». Il fallait toujours être attentif au moindre signe émis.
Quand votre interlocuteur se grattait, par exemple, cela pouvait vouloir dire : « Je préfère le lait » ou « je vais courir dans le champ » ou « j'en ai pour l'après-midi ».

Les jours passaient et Le Bougni s'était fait à sa nouvelle vie. Lorsqu'un événement vint subitement bouleverser son existence.
L'événement s'appelait : Lola.
Et c'était la fille du concierge de l'établissement. Le Bougni imaginait qu'elle était comme les autres enfants de la maison.
Mais, un jour, il découvrit que Lola parlait l'« humain ». D'une voix si douce, si mélodieuse que Le Bougni en resta muet d'admiration. De sa bouche sortaient des mots si harmonieux, qu'il lui vint même l'envie de se remettre à cette langue pourtant si étriquée. Il faut dire que lorsque Lola parlait, c'était...
C'était bien.
Quand elle disait « j'aime la couleur orange », on comprenait : « De toutes les couleurs, celle qui pour moi est la plus chatoyante, c'est la couleur du soleil qui plonge dans la mer, celle du fruit sucré du pays des mille et une nuits qui rafraîchit le bédouin assoiffé par un long voyage. »
C'était bien.
C'était miel.

Dans un premier temps, Le Bougni essaya de communiquer avec Lola, de lui faire comprendre qu'il voulait être son ami. Une fois, il lui laissa, à la manière des papillons de nuit, des messages odorants, sur le rebord des fenêtres et sur les poignées de porte. L'effet fut désastreux. Dès que Lola le croisait, elle se pinçait le nez. Le Bougni eut alors recours à la mode du fer à repasser amoureux. À l'aide de mouchoirs, il confectionnait de savants pliages qui représentaient des formes animales. Ainsi, Lola trouvait souvent sur sa chaise ou son bureau, un morceau de tissu plié en forme de grenouille ou de lapin. Mais le message restait confus. Le Bougni dut se rendre à l'évidence, Lola ne comprenait rien, à part le langage humain.


Après de longues hésitations, Le Bougni prit la résolution de reparler avec des mots d'homme. Mais il serait très sévère dans leur sélection, il les choisirait avec précaution, pour leur harmonie, leur sens, leur couleur, pour le rythme des lèvres.
Pour que chaque mot prononcé ne soit pas un mot de plus dans le vacarme des hommes. Pour qu'il soit comme un diamant qu'il offrirait à qui saurait l'écouter.

Et, alors que Le Bougni s'apprêtait à exprimer son premier mot, Lola échangea sa première parole de papier.

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici une démarche particulière, avec des enfants en très grande difficulté de lecture. Il s'agit ici du cahier de textes de la séance écrite par dephine Gyre, professeur

CAHIER DE TEXTE DU GROUPE DES ELEVES LES PLUS EN DIFFICULTE


SEQUENCE 1 : Le Mangeur de mots
Lundi 4 novembre, 9h :
Travail sur le sens : Lecture du titre, hypothèses de lecture (oral collectif). Lecture de la 1ère page (p. 6) par le professeur puis distribution du texte et de l’illustration (1) aux élèves. On repère le petit mot qui indique que le personnage de l’histoire est un enfant ordinaire : comme. C’est un mot très fréquent, à mémoriser. On le souligne sur la liste fréquentielle (classement par ordre alphabétique).
Travail graphophonologique : le son « on ». Les élèves soulignent tous les mots qui contiennent le son « on » : son, nom, on, garçons, bonbons, questions, maisons, poissons, interrogation. On relève les différentes façons d’écrire ce son. On souligne les mots dans la liste fréquentielle et on les écrit dans le cahier de vocabulaire. Ils sont à apprendre par cœur.
Retour sur le sens : Les élèves écrivent une légende sous l’illustration.

Lundi 4 novembre, 11h :
Travail sur le sens : Lecture des p.8 à 10 et retour sur le titre. Définition de la situation-problème. A partir de la photocopie du texte, les élèves isolent les mots des phrases (à l’écrit), puis repèrent les mots dont l’orthographe a été modifiée et enfin retrouvent ou imaginent les débuts ou les fins de phrases qui ont été mangés (à l’oral).
Travail graphophonologique : Le professeur demande ce que la 1ère phrase de la p.8 a de rigolo, quand on l’entend. Les élèves repèrent la répétition du groupe « tion » dans les mots questions, suppositions, solutions, explications. On cherche d’autres mots contenant ce groupe. On relève les deux prononciations possibles, et on écrit dans le cahier de vocabulaire (son « s ») supposition, solution et explication. Les élèves soulignent ensuite dans le texte tous les mots qui contiennent le son « s ». On repère toutes les façons d’écrire ce son, et on l’écrit dans le cahier de vocabulaire.

Vendredi 8 novembre, 13h30 :
On souligne dans la liste fréquentielle les mots en « s »
Dictée de mots : dix mots. Le résultat est mitigé. Certains élèves avouent ne pas avoir appris les mots. Notes : 18, 20, 08, 16, 16, 19, 06, 17.
Lecture des pages 8 à 14. Les élèves écrivent alors leur « Menu de mots de… » en piochant des mots parmi ceux soulignés dans la liste.

Mardi 12 novembre, 14h30 :
Le professeur rend les dictées de mots et se fâche un peu. Il demande que chacun fasse un effort pour la dictée du vendredi 15.
Résumé oral collectif du début de l’histoire, hypothèses de lecture pour la suite. Lecture par le professeur des pages 16 à 20. Les élèves repèrent ce qui est à l’origine du silence de Le Bougni : il ne peut plus poser les questions qu’il voudrait. Les élèves soulignent dans le texte de la page 18, puis de la page 6, les « petits mots des questions », qu’ils repèrent en partie grâce au point d’interrogation. Ces mots sont surlignés dans la liste.
Etude du son K : C, K, QU. Cahier de vocabulaire.
Lecture en cascade de la page 18 : chaque élève lit un mot, il faut que les lectures s’enchaînent pour former des phrases sans ruptures.
Souvent Naïlha hésite et Ludovic C. dit « On dirait toujours qu’il y a un point devant Naïlha. ».
Remarques : Adenane ne connaît pas le groupe «ais » ou « ait » de l’imparfait par exemple.
Adénane se porte volontaire pour lire des phrases complètes, c’est une vraie révolution. Nadia est absente.

J’appelle «lecture en cascade » une démarche imaginée par Lorelei Godbille et décrite dans son article « Mes lecteurs de troisième d’insertion » du n°36 de la revue Recherches, « Difficultés de lecteurs ». Voici la consigne qu’elle donne à ses élèves (p. 169) : «Nous allons faire un tour de salle (mes tables sont disposées en cercle), chacun lit un mot, le voisin reprend la suite et ainsi jusqu’à la fon du texte. Il faut vous concentrer pour ne pas rater votre tour et faire perdre le fil. Essayez de faire votre possible pour que tout s’enchaîne assez rapidement. » L. Godbille a conçu cette démarche pour faire lire à voix haute des élèves rétifs (ce qu’elle appelle des « lecturaudiophobes »), et elle part d’un texte inconnu des élèves. Ils se prêtent au jeu et finissent par réclamer que chacun lise des passages plus longs parce qu’ « on comprend rin ». Mes élèves n’ont jamais refusé de lire à haute voix, ni pour moi seule, ni pour l’ensemble de la classe. C’est moins qui ai horriblement souffert lorsqu’un peu plus tôt dans l’année j’ai confié à Adénane un passage de cinq lignes et qu’il butait sur chaque mot. Mes objectifs sont donc différents de ceux de ma collègue. Venant après l’étude du passage lu, et même l’étude de beaucoup des mots composant ce passage, la lecture en cascade ne permet pas de découvrir un texte mais plutôt de vérifier immédiatement après leur construction l’acquisition de petits savoirs, phonologiques surtout, et de repérer d’autres difficultés à travailler plus tard. La lecture en cascade décharge chaque élève. Pour les élèves de 3ème d’insertion, elle les décharge de leur honte ou de leur dégoût à lire devant d’autres. Pour mes élèves, elle les décharge de la difficulté à déchiffrer un mot. Ni la compréhension du texte, ni celle du lexique, ni une trop grande « quantité » ne viennent surcharger l’esprit des élèves qui peuvent se concentrer sur la tâche qui leur pose le plus problème (faire d’une succession de lettres une succession de sons) ou, pour ceux qui sont le plus à l’aise, qui les aguiche le plus (mettre le ton, intervenir juste au bon moment pour l’enchaînement harmonieux des mots…). Ainsi, Médhi a compté le nombre de lecteurs (dont je fais partie) pour pouvoir chercher à l’avance les mots qui lui incomberont, et il prépare son mot pour pouvoir bien le dire quand vient son tour. Ludovic C., quant à lui, montre qu’il est sensible au rendu de la lecture collective. La lecture en cascade d’un texte connu permet donc à chacun de se concentrer sur l’aspect de la lecture qu’il a le plus besoin de travailler, et ceci se fait naturellement, sans que j’ai besoin d’indiquer à quiconque ce qu’il doit faire, lui. C’est une bonne façon de faire travailler chacun à son rythme mais au sein d’une activité collective. Et puis la lecture en cascade, c’est rigolo. Ca sonne d’une drôle de façon, on s’emballe quand il y a un blanc ; on joue à prendre une voix bizarre pour faire rire, on est fier du résultat quand une phrase a semblé naturelle… Bref, c’est une bonne façon de partager le plaisir de la lecture. Non pas le plaisir de la découverte d’une histoire, comme c’est le cas lorsqu’on ouvre un nouvel album, mais celui du déchiffrage des mots. Dans ma démarche de réconciliation des élèves avec le monde de l’écrit, c’est extrêmement important.



Vendredi 15 novembre, 13h30 :
Dictée de mots : qui ? pourquoi ? une entrée ; quand ? de ; un mot ; que ? où ? interrogation ; comment ? Seul Adénane a une meilleure note qu’à la première dictée : 17. 15. 08. 14. 09. 16. 13. 08. Je crois qu’il faut que je multiplie les occasions de manipuler les mots.
Lecture par le professeur des pages 22 à 26 : Comment Le Bougni communique-t-il ? Les élèves parlent du langage du corps et repèrent, au fur et à mesure d’une nouvelle lecture par le professeur, tous les mots désignant des parties du corps, puis les soulignent dans la liste fréquentielle.
Lecture en cascade de la page 22.
Remarques : Dimitri est de moins en moins concentré, il se balance.
Nadia a du mal à comprendre ce qu’on lui demande, mais une fois que je lui ai réexpliqué, elle sait presque toujours faire.
Naïlha a demandé dès le début de l’heure à refaire une lecture en cascade. Elle prend ça comme un jeu (il faut dire que c’est comme ça que je l’ai présenté). Adénane fait un gros effort pour bien lire les mots dont il est responsable. Néanmoins, il hésite toujours sur certains mots : les sons é ou e des mots finissant en es, les on, souvent prononcés en, ce qui est particulièrement inquiétant puisque c’est un son que nous avons étudié. Il faut que j’arrive à trouver du temps pour de la lecture individuelle en tête à tête.

Vendredi 22 novembre :
Dictée de mots : le corps ; le front ; le mot ; l’œil ; la peau ; la main ; l’oreille ; le regard ; pourquoi ; comment. : 16. 10. 08. 16. N. 16. 08. 06.
Lecture des pages 28 et 30. Mots clés repérés : les mots de la communication : silence ; prononcer ; langage ; langue ; dire ; entendre ; communiquer ; exprimer ; explication ; signe.
Etude du son « gu »

Lundi 25 novembre :
Lecture de la fin du livre. Repérage des mots-clés : homme, humain, bouche, écrire, papier. Ces mots sont surlignés dans la liste.
Petit échange (c’est surtout moi qui propose une analyse) sur le sens du texte : les trois langages : oral, gestuel, écrit ; l’importance des mots…
Activité de manipulation des mots : les élèves choisissent un mot étudié, n’en conservent que la première syllabe et écrivent des fins d’autres mots commençant par cette syllabe. Les élèves échangent leurs feuilles et essaient de deviner le mot source.
Lecture en cascade de la dernière page.

Mardi 26 novembre :
Absents : Adénane et Ludovic C.
Pliage de mots. Pour rendre l’activité plus concrète, je demande de choisir dans la liste trois mots étudiés de deux syllabes (c’est l’occasion de revoir la notion de syllabe), puis de les copier bien grands sur des bouts de papier, puis de les plier de façon à mettre en évidence les deux syllabes. La première syllabe est posée sur une feuille, l’élève écrit trois fins de mots. La deuxième syllabe est posée sur la feuille, l’élève écrit trois débuts de mots (c’est beaucoup plus difficile). Nadia ne fait même pas un mot, Naïlha un mot, Médhi 2 mots, Ludovic J., Dimitri et Sihem 3 mots.
Lecture en tête à tête : Ludovic J. et Dimitri.
Lecture en cascade de la dernière page.

Jeudi 28 novembre :
Evaluation finale sur le sens de l’album : Les élèves doivent placer, sur un montage d’illustrations de Dedieu, des mots clés.
Pliage de mots : j’ai sélectionné des devinettes d’élèves et les ai recopiées au propre. Les élèves disposent de toutes les étiquettes-mots utilisées et essayent de retrouver les mots-sources.
Les élèves qui ont fini en avance font des mots croisés : s-ss

Lundi 2 décembre :
J’ai écrit un résumé de l’album en laissant en blanc les mots travaillés. Les élèves doivent reconstituer le texte, avec différentes aides : Ludovic J et Dimitri travaillent ensemble ; Sihem et Ludovic C travaillent seuls, mais avec l’aide de la liste ; Naïlha et Nadia ont en plus le texte de l’album ; Adénane et Médhi ont en plus mon aide (ce qui me permet de les faire lire à haute voix et d’avoir l’impression qu’ils ont progressé).
Ceux qui ont fini en avance finissent le travail de devinettes sur les mots pliés ou les mots croisés sur s-ss ou ceux sur le suffixe –ation.