Sommaire
Jeanne vient tout juste de naître. Ses grands-parents sont venus la voir à la clinique où elle repose dans son berceau, à côté du lit de sa maman. Ils se penchent sur elle, et Bonne-Maman dit : « C'est tout le portrait de sa mère cette petite ! » « Sa mère tout craché ! » ajoute Bon-Papa.. Tout le monde s'attendrit en la regardant, mais soudain son petit visage se couvre de minuscules boutons rouges. Quelques instants après, ils ont disparu. On ne pense plus à ces petits boutons, jusqu'au jour de la visite de Tante Valérie. «Eh bien! Elle se fait les poumons!» déclare-t-elle en l'entendant crier de toutes ses forces. C'est alors que la même chose se reproduit : le visage et les mains du bébé se sont recouverts de petits boutons rouges pendant quelques minutes. On consulte alors plusieurs médecins qui n'y comprennent rien : Jeanne n'est pas malade, elle a bon appétit et grandit tout à fait bien. «Il n'y a pas à s'inquiéter», disent-ils tous. Aussi les parents de Jeanne décident-ils de ne plus prêter attention à ces boutons bizarres. Jeanne a maintenant trois ans. Un samedi matin, elle sort faire les courses avec sa maman. La crémière lui ayant demandé si elle a « avalé sa langue », voici que les petits boutons font leur apparition. Et quand le boucher termine le récit de la dernière sottise de son fils en disant « il n'y a plus d'enfants», les petits points rouges qui avaient presque disparu reviennent de plus belle. La maman de Jeanne regarde sa fille, puis le boucher. Elle reste pensive un instant. De retour à la maison, elle dit à son mari : « J'ai l'impression que c'est chaque fois qu'elle entend une phrase toute faite que Jeanne prend des boutons. Je sais que cela paraît incroyable, mais j'en ai eu la preuve tout à l'heure. » Le papa de Jeanne trouve l'explication drôle, mais plutôt invraisemblable. Comme elle insiste, il dit : « Toi, quand tu as quelque chose dans la tête, tu ne l'as pas ailleurs». Jeanne, qui a tout entendu, est déjà couverte de boutons. « Tu vois ! Tu me crois maintenant ! » II faut se rendre à l'évidence: Jeanne prend bel et bien des boutons chaque fois qu'elle entend une phrase toute faite ou un lieu commun. La pauvre n'a vraiment pas de chance, car en général ces petites formules qui parsèment nos conversations lorsque l'on n'a rien à dire ou lorsque l'on est incapable de trouver quelque chose d'original, ne font de mal à personne. A partir de ce jour les parents de Jeanne surveillent leur langage et essaient d'éviter les lieux communs en sa présence. En effet, cela semble aller mieux. Alors on décide de l'envoyer à l'école, après avoir prévenu la Directrice. Malgré cette précaution, Jeanne a souvent l'occasion de rougir : quand la maîtresse dit à Frédéric qui tient mal son crayon «on dirait une poule qui a trouvé un couteau», ou à Nathalie «tu as un poil dans la main», c'est elle qui rougit toute seule dans son coin. Aussi à la maison fait-on doublement attention à ce que l'on dit. Cela rend les parents de Jeanne nerveux, et un jour ils lui donnent une fessée qu'elle n'a pas vraiment méritée. Sa maman excédée ajoute : « Au moins maintenant tu sauras pourquoi tu pleures!» Aussitôt une nuée de boutons apparaît sur le visage, les mains et les jambes de Jeanne. Elle n'en a encore jamais eu autant. Une fois calmée, sa maman regrette de s'être mise en .colère et elle décide d'aller consulter le professeur Foujiko qui a parlé récemment à la télévision de son livre: Le mal par le mal. Le professeur écoute la maman de Jeanne, puis, l'air de rien, dit : «Les temps sont durs», ce qui provoque immédiatement l'arrivée des boutons. Le professeur semble intéressé et déclare : « Madame, votre enfant est atteinte d'une forme d'allergie très rare qui ne peut guérir, à mon avis, que si vous suivez mon conseil : soignez le mal par le mal. Il faut absolument qu'elle soit en contact le plus possible avec la cause de ses boutons. Parlez-lui donc uniquement par expressions toutes faites jusqu'à ce que cela ne lui produise plus aucun effet. Ainsi elle sera en quelque sorte "vaccinée" et vous verrez qu'elle sera guérie définitivement. » Sur le chemin du retour, son exemplaire dédicacé de Le mal par le mal sous le bras, la maman de Jeanne réfléchit à ce que lui a dit le professeur Foujiko. Une personne lui semble tout indiquée pour accomplir la « vaccination » : c'est Tante Rose, connue dans toute la famille pour les innombrables expressions toutes faites qu'elle utilise quotidiennement. On fait la valise de Jeanne et on l'accompagne à Émilie-les-Eaux où Tante Rose est toute contente de l'accueillir. Son « mais elle a poussé comme une asperge », puis « elle a sûrement plus grands yeux que grand ventre » sont suivis chez Jeanne d'un effet boutonnant immédiat. Ses parents constatent avec soulagement qu'ils ne se sont pas trompés de porte. Enfin quand ses parents viennent la chercher quelques semaines plus tard, son teint est parfaitement lisse. Tante Rose dit en les accueillant : « Elle a été sage comme une image, mais quel désordre elle laisse dans sa chambre ! Une chatte n'y retrouverait pas ses petits ! » A la grande surprise de ses parents qui l'observent avec inquiétude, Jeanne ne rougit pas. Tante Rosé ajoute : « Enfin, tant qu'on a la santé ! » et Jeanne ne rougit toujours pas. Maintenant Jeanne
a grandi. Le professeur Foujiko avait raison: depuis sons séjour chez
Tante Rose elle n'a plus attrapé de boutons ( à part ceux de la rougeole
et de la varicelle). Ses parents sont tout à fait rassurés.
A) Premier travail sur ce texte: Lecture silencieuse ( ou orale du professeur)
En groupe :
B) Travail d’écriture Quels auraient été les "traitements" qu'il aurait pu prescrire?
c) Réinventez donc une autre fin , à partir de : " Elle n'en a encore jamais eu autant. Une fois calmée, sa maman regrette de s'être mise en. colère et elle décide d'aller consulter le professeur Prébaud qui a parlé récemment à la télévision de son livre: Vaincre la mal par la poésie.
|