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J’ai horreur des gosses,
Pef, Albin Michel, Jeunesse

Lire un album – dessiner pour comprendre – travailler la relation adulte-enfant et le point de vue de l’un sur l’autre, de l’image au texte, et inversement.

Texte intégral de l'album.

- Moi, j'ai horreur des gosses! Parfaitement, j'ai horreur des gosses! Je les déteste parce qu'ils sont plus jeunes que moi. Et ça, je ne le supporte pas.
-Et puis il y en a trop! Ils font beaucoup trop de bruit en rigolant! Quand ils me réclament une histoire, ils croient tout ce que je leur raconte!
Ils apprennent à toute vitesse des choses très difficiles. Et, en plus, ils ont encore du temps pour ne rien faire... sauf des bêtises. Mais dès que je leur tape dessus, ils pleurent et ça me rend très malheureux. Et puis ils dorment trop bien. Ou alors ils ont des peurs ridicules.
Je les déteste aussi parce qu'ils ne sont presque jamais malades. Mais quand ils sont vraiment malades, ils deviennent le centre du monde. C'est pas comme pour moi!
J'ai horreur des gosses, ils voient des choses que je ne vois plus!
Je déteste particulièrement ceux qui ne font que manger leur maman, et les gosses qui deviennent des mamans beaucoup trop tôt. Je les déteste aussi parce qu'ils aiment trop les animaux. Et quand ils s'aiment entre eux, alors là, ils ne sont vraiment pas discrets!
J'ai horreur des gosses parce que je n'arrive pas à les oublier tous. Mais dès qu'on en voit un, on oublie ce qui est vieux. Je déteste ça! S'ils se mettent à chanter ensemble, je pleure tellement c'est beau. Et je déteste ressembler à un gosse qui pleure. Comme je déteste leur franchise.
Et puis, à ce qu'on dit, ils dessinent mieux que moi. Pour finir, j'ai horreur des gosses, parce que même si je leur dis que je les déteste, ils m'aiment encore plus!
- J'ai horreur de ce Pef!


Les consignes sont « longues » et interviennent selon les rythmes de compréhension différents des élèves. Pour qu’ils puissent travailler le texte de plusieurs façons, comprendre le point de vue paradoxal affiché par l’auteur de l’album.
La consigne, dans un premier temps, propose le texte de l’album et une tâche à faire en groupes :

Vous allez proposer un ou des dessins pour illustrer le texte d’un album.
Choisissez et soulignez les passages du texte qui vous « inspirent ». Vous les collerez ou les recopierez en-dessous de votre (vos) dessin(s). Vous n’êtes pas obligés de dessiner vraiment ni de « bien » dessiner. Comme l’auteur de l’histoire, Pef, est aussi un dessinateur, vous pouvez simplement lui expliquer avec des mots et des indications comment vous voudriez voir ce ou ces dessin(s). Expliquez-lui bien ce que vous voulez, en lui donnant des exemples

Certains groupes d’élèves s’investissent complètement dans ce travail, y consacrant des séances entières, interrogeant le texte dans ses métaphores, dans le choix des expressions ; ceux qui aiment dessiner, ceux qui aiment lire. Pour les autres qui, généralement, choisissent d’illustrer sommairement quelques moments du texte, je donne ensuite les images de l’album avec une nouvelle consigne :

Voici les dessins de l’album de Pef. Il s’agit de retrouver l’ordre du texte, de reconstituer l’album en réajustant texte et images. Vous recopierez les phrases du texte où vous le souhaitez, dans l’image. Faites bien attention à recopier exactement, il y aura une note en orthographe.

 

Puis, un peu plus tard, quand ceux qui ont morcelé le texte initial en focalisant leur attention sur certains passages – au point, parfois, d’en occulter le sens général- se mettent à réfléchir à la progression thématique du texte, je leur demande de retourner à leur premier travail et à leurs dessins :

Suite du travail sur Pef
1) Comparez vos dessins à ceux de Pef
– Quelles remarques faites-vous ? Y a-t-il des ressemblances, des différences ? des moments différents qui ont été choisis ? des choses différentes que disent vos images et celles de Pef par rapport au texte ?
– Quelle(s) images(s) selon vous, (une de Pef ou de votre groupe) dit (disent) plus ou autre chose que le texte ? Montrez bien et expliquez bien l’écart qui existe entre le texte et l’image.
2) Quelle(s) image(s) de Pef préférez-vous ? Essayez d’expliquer pourquoi.

Enfin les dernières consignes concernent directement le point de vue et la différence qui peut exister entre celui de l’adulte et celui de l’enfant. A l’intérieur du regard social auquel l’auteur de l’album fait allusion : le « on » de la doxa, de l’opinion courante ou des « parents » en général.

Dans le texte de Pef, « J’ai horreur des gosses », souligne dans le texte, d’une couleur :
-tous les petits mots qui désignent Pef (comme « J’ » quand il dit « J’ai horreur des gosses ») ;
-d’une autre couleur, tous les petits mots qui désignent les « gosses » (comme « ils » dans « parce qu’ils sont plus jeunes que moi ») ;
-le texte parle d’autres personnes (autres que de Pef ou des gosses). Cherche bien dans le texte quel petit mot les désigne. Souligne-le en utilisant une 3ème couleur.

La toute dernière consigne suppose que l’élève ait compris la forme antithétique de l’album. En tout cas, elle permet de repérer ceux qui sont entrés finement dans le sens du croisement texte-image, ceux qui ne prennent pas à la lettre toute parole et qui savent décrypter sous les mots de Pef « J’ai horreur des gosses » la grande tendresse qui relie, en réalité, l’écrivain à l’enfance.

« J’ai horreur de ce Pef » fait dire Pef à un enfant à la fin de l’album. Essaie de continuer et de faire une page de plus à cet album (image+texte), où tu continuerais à développer le point de vue de l’enfant sur Pef : J’ai horreur de ce Pef, parce que…