Histoire impossible
Après l'école, je suis rentré chez moi par le chemin
habituel. J'ai pris la bonne rue, je suis sûr, juste après
la pâtisserie Fiévet. Mais quand je suis arrivé chez
nous, au numéro 13, il n'y avait plus rien, plus de maison, rien
qu'un trou, très profond, et comme des bulles énormes s'en
échappaient.
Quand j'ai ouvert la porte, j'ai poussé un cri, horrifié.
Dans le couloir des centaines de serpents sifflaient, tête dressée,
gueule ouverte : un tapis rampant de reptiles menaçants.
Je suis allé directement à la cuisine. J'ai ouvert le Frigidaire.
Atroce ! Ma grande sœur Alice y était enfermée, pliée
en quatre et congelée, et elle me regardait méchamment de
ses grands yeux de poisson mort.
J'ai pris un yaourt à la fraise. Ce n'était pas du yaourt,
mais du sang épais de crocodile, avec des morceaux de chair fraîche
qui baignaient dedans.
J'ai jeté le pot vide à la poubelle et je suis monté
dans ma chambre. L'escalier s'est écroulé et j'ai plongé
dans le vide. Tandis que je sombrais, des morts vivants me griffaient
et me pinçaient en ricanant.
J'ai fait mes exercices de math. Facile. Et j'ai commencé la rédaction
pour jeudi. Mais trois vampires se sont jetés sur moi et ont enfoncé
leurs crocs dans ma gorge, des fourmis géantes m'ont arraché
la peau, des corbeaux fous m'ont picoré le dos et un homme affreux,
au visage couvert de pustules puantes, m'a découpé en rondelles
avec une scie électrique mal aiguisée.
Alors, fatigué, je suis descendu au salon, je me suis confortablement
installé dans mon fauteuil préféré, et j'ai
regardé un film d'horreur pour me changer les idées.
Bernard Friot, Encore des histoires pressées,
Milan poche junior
Travail sur « Histoire impossible » Démarche
présentée par Eugénie et Nicole Royant
Étape 1
Le professeur lit aux élèves l'histoire sans les passages
« impossibles » :
Après l'école, je suis rentré chez moi par le
chemin habituel.
J'ai ouvert la porte.
Je suis allé directement à la cuisine. J'ai ouvert le Frigidaire.
J'ai pris un yaourt à la fraise.
J'ai jeté le pot vide à la poubelle et je suis monté
dans ma chambre.
J'ai fait mes exercices de math. Facile. Et j'ai commencé la rédaction
pour jeudi.
Questions posées aux élèves :
1. Que pensez-vous de cette histoire ?
2. Que pourriez-vous ajouter pour qu'elle soit plus intéressante
?
Étape 2
Le professeur lit la vraie version jusqu'à « Quand j'ai ouvert
la porte... » (début du 2e paragraphe)
Question : Qu'en pensez-vous ?
Les élèves vont remarquer que ce n'est pas possible, que
le narrateur ne peut pas ouvrir la porte si la maison a disparu.
Leur donner le titre : « Histoire impossible » = confirme
ce qu'ils ont dit.
Donc la maison est toujours là, aucune catastrophe ne s'est produite.
Alors, pourquoi le narrateur « ment »-il ? = c'est ce qu'il
imagine.
Confirmation avec la lecture du 2e paragraphe.
Quel est le point commun entre ce qu'il imagine sur la maison et ce qu'il
imagine sur ce qu'il y a dans le couloir ?
= des choses qui font peur. Le narrateur joue à avoir peur.
Donner la chute :
« Alors, fatigué, je suis descendu au salon, je me suis
confortablement installé dans mon fauteuil préféré,
et j'ai regardé un film d'horreur pour me changer les idées.
»
Lien entre les films que le narrateur regarde et ce qu’il imagine.
Façon dont l’imagination est modelée parce que l’on
voit, lit...
Étape 3
Consigne donnée aux élèves :
Complétez le texte, en suivant le même principe.
Après l'école, je suis rentré chez moi par
le chemin habituel. J'ai pris la bonne rue, je suis sûr, juste après
la pâtisserie Fiévet. Mais quand je suis arrivé chez
nous, au numéro 13, il n'y avait plus rien, plus de maison, rien
qu'un trou, très profond, et comme des bulles énormes s'en
échappaient.
Quand j'ai ouvert la porte, j'ai poussé un cri, horrifié.
Dans le couloir des centaines de serpents sifflaient, tête dressée,
gueule ouverte : un tapis rampant de reptiles menaçants.
Je suis allé directement à la cuisine. J'ai ouvert le Frigidaire.
Atroce ! ...
J'ai pris un yaourt à la fraise. Ce n'était pas du yaourt,
mais...
J'ai jeté le pot vide à la poubelle et je suis monté
dans ma chambre...
J'ai fait mes exercices de math. Facile. Et j'ai commencé la rédaction
pour jeudi. Mais...
Alors, fatigué, je suis descendu au salon, je me suis confortablement
installé dans mon fauteuil préféré, et j'ai
regardé un film d'horreur pour me changer les idées.
Comparaison avec le texte original.
Étape 4
Même travail que pour l’étape 3 mais avec une autre
chute. Exemples :
- Alors, fatigué, je suis descendu au salon, je me suis confortablement
installé dans mon fauteuil préféré, et j'ai
lu un conte de fées pour me changer les idées.
- Alors, fatigué, je suis descendu au salon, je me suis confortablement
installé dans mon fauteuil préféré, et j'ai
lu un roman d’aventures pour me changer les idées.
- Alors, fatigué, je suis descendu au salon, je me suis confortablement
installé dans mon fauteuil préféré, et j'ai
regardé un dessin animé pour me changer les idées.
- et ainsi de suite...
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