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Voici une petite
nouvelle « immorale » qui dit que l’obéissance aveugle tue
la vraie vie.
Angélique Docilet était une petite fille qui obéissait toujours. Elle obéissait à ses parents, à ses grands-parents, à ses oncles, à ses tantes, elle obéissait à ses frères, à ses cousins germains et même à ceux du deuxième et troisième degrés. - Angélique, donne-moi tes jouets. Et elle aussitôt : - Oui, les voilà. - Tais-toi, va-t'en ! Et elle, aussitôt, elle filait. - C'est inutile que tu continues à aller à l'école, de toute façon tu devras te marier. Et elle : - Oui, papa, comme tu voudras. Quand elle feuilletait un journal, elle croyait tout ce qui y était écrit ; devant le téléviseur, à chaque mot des présentateurs elle faisait oui de la tête. Elle disait toujours oui, elle croyait tout, elle ne cessait d'obéir. Elle se mit à travailler, dit toujours oui à son patron et n'eut jamais d'augmentation. Ses parents lui dirent qu'il était temps de se fiancer et elle se fiança. Son fiancé voulut qu'elle quitte son travail, et elle, obéissante, elle donna tout de suite sa démission et resta à la maison à attendre sagement ses coups de téléphone. Elle se maria à l'église en disant « oui » et continua à le dire chaque jour : - Oui, mon chéri... comme tu veux, mon chéri... Oui, bien sûr. - Angélique, fais ceci... Angélique, fais cela... Elle, toujours prête, elle le faisait. Le propriétaire augmentait-il le loyer, licenciait-on son mari ? Et elle: - Tant pis, mon chéri, il faut se résigner. Devenue mère, elle obéit aussi à ses enfants. - Je vais jouer, disait sa fille, je n'ai pas envie d'étudier. Et elle : - Comme tu voudras, ma fille. -Ne me casse pas les pieds, maman!... Repasse-moi cette chemise !... Achète-moi un autre pantalon!... Je veux des sous !... Je fais ce qui me plaît ! Et elle : - Oui, mes fils, oui. Puis ses enfants se marièrent, eurent à leur tour des enfants, et elle dut s'occuper de ses petits-enfants : - Oui, mes petits chéris, d'accord, comme vous voudrez. Ils grandirent et : - Grand-mère, vends donc ta bague et donne-nous les sous... Tu es vieille, va dormir dans le cagibi. Et elle : - Bien sûr, comme vous voudrez. Bref, durant toute sa vie Angélique ne fit qu'obéir. Quand elle mourut, son
mari, ses enfants et petits-enfants firent écrire sur sa tombe cette
épitaphe :
Un jour, une petite fille, passant dans le cimetière, vit cette tombe et, intriguée, essaya de déchiffrer les quelques lettres encore lisibles :
Et la petite fille lut:
ELLE VÉCUT POUR RIEN
- La pauvre ! pensa-t-elle. Drôle d'inscription. Je n'aimerais pas ça, moi, vivre pour rien...
2 Texte manipulé Angélique Docilet était une petite fille qui obéissait toujours. Elle obéissait à ses parents, à ses grands-parents, à ses oncles, à ses tantes, elle obéissait à ses frères, à ses cousins germains et même à ceux du deuxième et troisième degrés. - Angélique, donne-moi tes jouets. Et elle aussitôt : - Oui, les voilà. - Tais-toi, va-t'en ! Et elle, aussitôt, elle filait. - C'est inutile que tu continues à aller à l'école, de toute façon tu devras te marier. Et elle : - Oui, papa, comme tu voudras. Quand elle feuilletait un journal, elle croyait tout ce qui y était écrit ; devant le téléviseur, à chaque mot des présentateurs elle faisait oui de la tête. Elle disait toujours oui, elle croyait tout, elle ne cessait d'obéir. Elle se mit à travailler, dit toujours oui à son patron et n'eut jamais d'augmentation. Ses parents lui dirent qu'il était temps de se fiancer et elle se fiança. Son fiancé voulut qu'elle quitte son travail, et elle, obéissante, elle donna tout de suite sa démission et resta à la maison à attendre sagement ses coups de téléphone. Elle se maria à l'église en disant « oui » et continua à le dire chaque jour :
Le propriétaire augmentait-il le loyer, licenciait-on son mari ? Et elle: - Tant pis, mon chéri, il faut se résigner. Devenue mère, elle obéit aussi à ses enfants.
Puis ses enfants se marièrent, eurent à leur tour des enfants, et elle dut s'occuper de ses petits-enfants :
Quand elle mourut, son
mari, ses enfants et petits-enfants firent écrire sur sa tombe cette
épitaphe :
Un jour, une petite fille, passant dans le cimetière, vit cette tombe et, intriguée, essaya de déchiffrer les quelques lettres encore lisibles :
Et la petite fille lut:
- La pauvre ! pensa-t-elle.
Drôle d'inscription. Je ……………………………………….
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