Sommaire
Un début de séquence sur la poésie engagée
(sur ce même thème voir
un début de séquence avec une autre image, publicitaire
celle là)
( Il s'agit de notes
de travail...en typographie"normale", le projet, en
italiques sa réalisation: travail mené en collaboration avec
Sylvie Meurot et Denis Fabé)
1° Analyse de l'image:
un enfant au travail.
On fait le pari que certains élèves ne vont pas
repérer que l'image représente un enfant épuisé par le travail. Si
d'aventure personne ne trouvait, on peut donner le titre de l'article
dont est extrait l'image: Le travail des enfants.

Réalisation:
Les élèves repèrent
tout de suite qu'il s'agit d'un enfant au travail. La lecture de
l'image est assez simple. Pour l'amplifier, nous avons décidé de faire
redessiner l'image avec pour consigne, de matérialiser leur compréhension/
interprétation de l'image. ( On a le droit d'accentuer le dessin
d'y rajouter des choses: ici , , Mickael rajoute un code barre sur
la joue de l'enfant..)
2° lecture du texte
qui accompagne l'image dans un dossier "des clés de l'actualité".
Consigne:
-
Qu'apporte le texte à
l'image?
-
L'image au texte?
La Journée mondiale de l'enfance vient de rappeler que
plus de 250 millions d'enfants à travers le monde sont
condamnés à travailler.
• Selon les derniers
chiffres publiés par l'UNICEF (Fonds des Nations unies
pour l'enfance) ou l'Organisation internationale du travail
(OIT), plus de 250 millions d'enfants de moins de 14 ans sont
aujourd'hui au travail dans le monde, dont un quart (60 millions)
sont âgés de 5 à 11 ans. Certes, ce fléau
touche aujourd'hui essentiellement les pays pauvres (ou en développement).
Mais ne l'oublions pas : les pays industrialisés se sont
presque tous développés en ayant massivement recours
au travail des enfants. (En France, par exemple, il a fallu
attendre plus d'un siècle entre la première loi
réglementant cette forme d'exploitation (1841) et la
loi qui fixe à 16 ans l'âge minimum légal
pour travailler (1967). Aujourd'hui encore, de nombreux enfants
sont toujours au travail dans les pays riches.
• Pour autant, bien
sûr, la grande majorité des 250 millions d'enfants
qui sont aujourd'hui exploités dans le monde habitent
les pays en développement (61 % sont en Asie, 32 % en
Afrique et 7 % en Amérique latine et aux Caraïbes),
autrement dit, dans des pays marqués par la misère
d'une grande partie de la population et une industrialisation
chaotique. Privés d'éducation et livrés
aux pires logiques économiques et criminelles, ces millions
d'enfants travaillent le plus souvent dans des conditions effroyables
: lourds labeurs dans les plantations agricoles, dans les mines
ou sur les métiers à tisser, activités
forcées comme domestiques ou prostitué(es), sans
oublier la servitude pour dette qui enchaîne des familles
sur plusieurs générations .
• Comment réagir
face à cette situation ? De nombreuses organisations
non gouvernementales (ONG) et institutions internationales se
mobilisent depuis des années sur cette question. C'est
le cas du BIT qui a mis en place voilà 10 ans l'IPEC,
un programme de lutte contre le travail des enfants. C'est aussi
le cas de l'UNICEF dont le président du Comité
français Jacques Hintzy, estime que si "les formes
les plus dangereuses du travail des enfants doivent disparaître
dès maintenant" il nous faut aussi tenir compte
du fait que "les activités des enfants renvoient
dans de nombreux pays à des nécessités
culturelles et économiques".
ENFANTS
D'HIER…
Le travail des enfants
n'est pas un phénomène nouveau. Il a pendant longtemps
marqué L'histoire de la plupart des pays aujourd'hui
riches et industrialisés. Partout en Europe, dès
le XVIIe siècle, les enfants des classes populaires sont
mis au travail dans des conditions effroyables. -
En Angleterre, le
philosophe John Locke écrit en 1670 que chaque province
du royaume doit se doter de "centres d'initiation au travail"
destinés à former les enfants dès l'âge
de 3 ans. Un siècle plus tard, le Premier ministre anglais
William Pitt déclare qu'il est bon de mettre les enfants
au travail "le plus tôt possible"c'est-à-dire
dès L'âge de 4 ans. En 1833, une commission publique
chargée d'enquêter sur le travail des enfants relève
de très nombreux cas où des enfants de moins de
dix ans exécutent, dans les mines ou les manufactures,
des travaux très durs (10 heures par jour et 7jours sur
7). Face à ce constat accablant, la Chambre britannique
vote entre 1833 et 1847 quatre lois visant à protéger
ces enfants. À l'époque, on considère comme
un progrès social que le travail soit interdit aux enfants
de moins de 9 ans...
En France, la situation
des enfants est tout aussi dramatique. Grâce à
une enquête réalisée en 1937 par le médecin
Louis-René Villermé, nous avons une description
très détaillée de leurs conditions de travail
à cette époque. "La Journée de travail
dure de 12 à 14 heures pour les enfants de 5 à
7 ans, de 14 à 16 heures pour ceux de 8 à 11 ans
et de plus de 16 heures pour les autres", écrit
le docteur Villermé. Puis il conclut son rapport en ces
termes : "Ce n'est plus du travail, c'est de la torture.
Les enfants sont chétifs,
vieux et ridés (...). Leurs os sont gonflés et
ramollis (...). Ils offrent un extérieur de misère,.de
souffrance et d'abattement"
Suscitant l'indignation,
cette enquête débouche en 1841 sur la première
loi votée en France pour protéger les enfants
au travail. La journée de labeur est réduite à
10 heures pour les enfants de moins de 8 ans. En 1882, la loi
Jules Ferry rend obligatoire l'école primaire, protégeant
du travail les enfants de moins de 13 ans. Mais des adolescents
sont toujours au travail C'est seulement en 1967 qu'est votée
la loi qui fixe à 16 ans l'âge minimum légal
du travail.
…ET D'AUJOURD'HUI
Il serait naïf
de croire que les pays industrialisés n'ont plus
recours au travail des enfants. Plusieurs millions d'entre eux
sont toujours frappés par ce fléau. En Europe,
il se répand au Portugal, en Grèce ou en Italie
où, dans l'industrie du cuir, des dizaines de milliers
d'enfants travaillent dans la seule région de Naples.
En Grande-Bretagne, une étude retentissante réalisée
en 1998 par la "Low Pay Unit", une association britannique
indépendante, faisait état de 2 millions de jeunes
âgés de moins de 16 ans - 500 000 ont moins de
13 ans - en situation de travail (de façon plus ou moins
régulière) dans le pays. La même année,
un rapport commandé par le ministère français
de l'Emploi et du Travail dénonçait en France
certaines dérives dans la situation au travail de jeunes
mineurs, notamment parmi les 200 000 apprentis de moins de 18
ans. Enfin, aux Etats-Unis, une enquête de l'Office général
des comptes soulignait en 1990 que les infractions à
la législation sur le travail des enfants avaient augmenté
de 250 % entre 1983 et 1990.
Les cléfs
de l'actualité 2000 |
Réalisation:
Afin, encore une
fois de matérialiser l'acte de lire, nous avons demandé de découper
dans le texte les éléments qu'ils ont envie de rajouter à leur dessin.
Collectivement
nous avons lu les extraits rajoutés et nous avons essayé d'analyser
ce que le texte explicatif apportait à l'image: On en a déduit, comme
l'a dit Axel, que le texte explicatif donnait à l'image une "
autre profondeur". Une dimension historique, explicative, sociale..
L'image devenant un appel à l'indignation, le texte explicatif un
argumentaire pour étayer l'indignation.
3° Lecture du poème
de Victor Hugo: ( le début
de ce poème servait d'introduction à l'article)
Pour que cette lecture
puisse se faire réellement : on propose l'image collée au milieu
d'un format A3 à chacun des élèves, accompagnée de la consigne suivante:
"Vous allez lire
le poème de Victor Hugo en gardant l'image sous les yeux. Vous découperez
ensuite des extraits du poème, vous les collerez autour de l'image..
Enfin vous relierez textes et l'image par des flèches.
( toute cette matérialisation
des gestes de lecture pour obliger à lire des élèves qui " ne
veulent pas"!)
En groupe vous justifierez
et échangerez vos choix.
Où
vont tous ces enfants ...
Où vont tous ces enfants dont pas un seul
ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu: - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
Victor Hugo. Les contemplations.
(
ceci est l'introduction de l'article…)
Où
vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.(…)
Tiré
de son recueil "Les contemplations" (1856),
ce poème de Victor Hugo (1802-1885) est dédié à tous
ces enfants qui, au XIXe siècle dans notre pays, étaient
envoyés dans les mines de charbon ou travaillaient comme
des esclaves dans les manufactures. Un siècle et demi plus tard,
ce drame de l'exploitation des enfants par le travail est loin
d'être terminé.
|
Réalisation
Pour une fois,
nous avons choisi ( presque) la démarche prévue.
Mais avant de lire
le poème, nous avons proposé d'en écrire un.. Pour ce faire , nous
avons donné la consigne suivante:
"A partir
du dessin , des textes que vous avez écrits, des textes que vous avez
collés, quels sont les trois mots qui vous viennent à l'esprit quand
vous observez votre travail: notez les en rouge dans l'espace de la
feuille" Parmi les mots les élèves ont écrit: " révolte,
honte, injustice, esclavage etc."
Maintenant vous
allez écrire un poème, de forme classique ou pas, sur ce thème de
l'enfant au travail.. Vous devrez utiliser au moins deux des mots
que vous avez écrits.. ( On voit l'enjeu: produire un poème de révolte..)
Enfin lecture du
poème de Victor Hugo.. qu'on a collé sur la feuille.
Nouvelle consigne:"
Soulignez dans le poème, les vers, les mots, les expressions, les
passages qui selon vous peuvent s'accrocher à l'image, au texte explicatif,
à votre création "
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne
rit ?
Ces doux êtres pensifs
que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze
heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire
éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges
dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais
on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la
cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont
déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu: - Petits
comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui
tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge
tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères,
soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
Victor Hugo. Les contemplations.
|
Huit ans
Toi, enfant
Toi qui travailles pour les Grands.
Ouvre les yeux!
Réveille-toi!
Moi aussi, j'ai été
Comme toi.
Dans ton rêve
Tu te dis
Pourquoi moi?
Qu'est ce que j'ai fait
A Dieu
Pour mériter cela?
Crois moi,
Tu ne le mérites pas.
Toi
Qui es maltraité
Toi qui n'as rien à manger,
Fais comme moi!
Ecoute-moi!
Révolte toi.
F.
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Discussion..
Comme c'était la
fin de l'heure ,j'ai proposé encore une consigne de relecture du texte:
"Repérez dans
le poème les passages où Hugo parle de l'enfant, du travail , et de
son indignation."
De retour en classe:
groupe de parole et groupe d'écoute selon la consigne suivante:
Fiche d'écoute:
Nous allons
parler du poème de Victor Hugo. Pour ce faire, nous allons,
en groupe de parole, travailler sur trois axes: l'enfant, le
travail, et le révolte du poète.
Pour compléter
votre dossier, je vous demande de prendre en notes les échanges.
En conclusion du débat, nous essaierons de réagir à ce texte
de Jacques Charpentreau, un poète:
"
Camus disait : "]e me révolte, donc je suis." Tant
de gens en vieillissant acceptent de se faire une raison et
ils ne sont plus personne puisqu'ils deviennent comme tout le
monde. Certes, nous ne changeons pas grand-chose dans ce monde
avec nos poèmes, mais la poésie nous aide à résister aux forces
de la déshumanisation qui nous guettent partout.
La poésie
a toujours exalté cette part de refus qui est en chacun de nous
et qui, a toujours inquiété les pouvoirs établis, les hommes
d'ordre, les gens sérieux. Elle est pourtant l'un des éléments
moteurs du monde. ( …) Les poètes d'aujourd'hui sont les héritiers
de cette longue tradition de la révolte au nom de l'éminente
dignité des hommes contre toute oppression.
|
4° Analyse:
Qu'apporte le poème
à l'image, au texte explicatif? Et inversement.
5°: nouvelle consigne:
Le début du poème
a servi d'introduction à l'article que vous avez lu. Quel effet?
6° Synthèse:
Quelle différences
entre tous ces documents qui disent la même chose.. Quelles sont
les caractéristiques de chacun? Comment se complètent-ils etc…?
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