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CRASSE-TIGNASSE



 " Der Struwwelpeter " du Dr Heinrich HOFFMANN traduit par CAVANNA, est le livre allemand pour enfants le plus célèbre du monde. En effet ,en 1844, las de ne trouver à lire à son fils que des récits très moralisateurs, le docteur Hoffmann prend sa plume et écrit sept récits, petits bijoux de cruauté où sept garnements rivalisent de méchanceté sous des dehors d'angelots. Le succès de ce chef-d'œuvre d'humour noir sera immédiat. Ces histoires d'enfants très, très désobéissants ont pour héros le méchant Frédéric, Pauline et ses allumettes, deux personnages qui côtoient l'affreux Gaspard-mange-ta-soupe et Jean-regarde-en-l'air. Tous ces personnages illustrent la panoplie des interdits qui frappent toujours l'enfance : sucer son pouce, gigoter à table ou jouer avec des allumettes. Pourquoi ne pas se servir de ces textes pour amener les élèves à réfléchir sur le sens même de la punition, et par là même aborder l'argumentation dès les petites classes du collège.

 

 

L'histoire de Gaspard-mange-ta-soupe

 

Gaspard était un garçon

Gros et rond comme un marron.

Il vidait bien son assiette

De soupe et la rendait nette.

Mais un jour il s'écria:

« La soupe, je n'en veux pas !

 Non, non, pas de soupe, non !

Pas de soupe, non et non!»

 

Le lendemain; comme on voit,

 II était déjà moins gras.

Comme la veille, il cria:

«La soupe, je n'en veux pas !

 Non, non, pas de soupe, non !

Pas de soupe, non et non!»

 

Le jour d'après, le rebelle

 Était comme une ficelle.

Mais, quand la soupe arriva,

 De nouveau il s'écria:

«La soupe; je n'en veux pas !

 Non, non, pas de soupe, non !

Pas de soupe, non et non!»

 

 

Le quatrième jour vint:

Il n'en restait presque rien.

 Puis un autre jour encor:

 Il était tout-à-fait mort.

 

 

 

L'histoire du suceur de pouce

 

«Conrad», dit un jour la maman,

«Je dois sortir pour un moment.

 Sois sage et bon comme un amour

Jusqu'à l'heure de mon retour.

Surtout, ne suce pas ton pouce,

 Quelle que soit l'envie qui te pousse !

Sinon viendra l'homme aux ciseaux

Qui te coupera aussitôt

Les deux pouces, sans hésiter,

 Comme s'ils étaient de papier.»

 

A peine la maman sortie,

Hop là, le pouce est englouti !

Vlam! Qui claque la porte si fort?

 Qui donc court dans le corridor?

C'est l'homme aux ciseaux !

 C'est bien lui ! Le voilà! Clic! Clac! C'est fini !

 Avec ses grands ciseaux d'acier il coupe les pouces sucés.

Conrad, hélas, n'a plus de pouces.

Croyez-vous que cela repousse?

Quand sa maman revint, le soir,

 Conrad était bien triste à voir.

 «Où sont tes pouces, mon petit?»

 «Hélas, maman, ils sont partis!»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La très triste histoire de Pauline et des allumettes

 

 

Pauline à la maison s'ennuie.

Ses parents étant de sortie,

Elle est seule avec ses minets,

 Avec sa poupée et ses jouets.

Que voit-elle sur la tablette?

Mais... Une boîte d'allumettes !

 L'idée lui vient tout aussitôt:

 «Chic! Voilà un joujou nouveau!

Je vais faire», dit la friponne,

 «Comme font les grandes personnes !»

 

Mia et Miou, les deux chatons,

 Font signe avec leurs petons.

 Leurs signes disent cela:

 «C'est défendu par papa !

 Miaou ! Miaou ! Miaou ! Mi !

 Ça te brûlera aussi!»

 

Mais Pauline ne fait qu'en rire.

 Crac ! La flamme se met à luire.

 Elle grandit et étincelle,

Ses couleurs sont vraiment fort belles.

Sur l'image l'on voit très bien

Pauline qui bat des mains

Et qui saute, et danse, et rit,

Tant la flamme la réjouit.

 

Mais Mia et Miou, les chatons,

Font signe avec leurs petons.

 Et leurs signes vont disant :

 «C'est défendu par maman!

 Miaou ! Miaou ! Miaou ! Mi !

Ça te brûlera aussi !»

 

La flamme est de plus en plus haute.

 Soudain, sur la robe elle saute !

 Elle a très faim, elle dévore

Rubans, cheveux, encore, encore !

 Brûle mains, pieds et paupières !

Brûle Pauline tout entière !

 

Mia et Miou, pauvres chatons,

 Crient très fort sur tous les tons.

Et leurs cris disent: «Au feu!

 Accourez, gens de tous lieux !

Miaou ! Miaou ! Miaou ! Mien !

 

 Il n'en restera plus rien!»

 

Hélas, tout fut bientôt brûlé

Des oreilles jusques aux pieds.

De Pauline il ne demeura

Que des cendres en petit tas.

 Et puis aussi ses deux souliers

Si mignons et si bien cirés.

 

Mia et Miou, les deux chatons,

Pleurent devant les tisons.

Leurs larmes disent ceci:

«Pauvres parents, si gentils !

 Miaou ! Miaou ! Miaou ! Miac !»

 Leurs pleurs font un petit lac.

 

Démarche

 

Voilà trois extraits du livre du docteur Hoffmann, Crasse-Tignasse.

Relis ces histoires, puis, en soignant ton écrit, donne ton avis :

- Que penses-tu des « punitions » subies par les enfants à la fin de chaque histoire ?

- Propose une argumentation possible pour convaincre l'enfant.

 

Je pense que :

Je trouve que

Pour convaincre l'enfant et empêcher une aussi triste fin, on aurait pu lui dire, on aurait pu faire avec lui... :

Mets-toi à la place d'un grand frère, d'une grande soeur, ou d'un adulte qui préfère

«éduquer» l'enfant plutôt que le « dresser »

 

 

 

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