Proposition d'activités autour de
Mongol
, de Karin Serres,
École des loisirs, « Neuf ».
Eugénie Royant

 

 

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- Hypothèses à partir de la 1re de couverture

 

 

Je ne l'ai pas fait avec les élèves, mais je pense qu'on peut faire le lien entre le titre et le dessin du garçon, faire des remarques sur l'expression de son visage, sur la position du dessin sur la page…

 

- On vérifie ensuite avec la lecture du début.

 

1

 

Je m’en fous. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, je sais que je ne suis pas complètement idiot.

      « Sombre idiot », me dit papa quand il est colère. Nadia, ma sœur, c’est : « pauvre andouille ». Maman : « bécasson ». Et à l’école, alors là, tout le reste : « crétin, débile, niais... » « Simplet » aussi, même si mes oreilles sont normales et mes habits à ma taille. À chaque récréation, Fabrice et sa bande se rassemblent autour de moi et ils me crient des noms, ils me traitent. Tout ça parce que je suis lent. Je comprends pourtant, aussi bien qu’eux, j’ai juste besoin de plus de temps.

      - Le temps que ça arrive au cerveau, ouais !

      - Tu parles, il en a pas, de cerveau !

      - Eh, crétin, secoue-la voir, ta tête ?

      Moi, gentil, je la secoue. Et eux, ils s’étranglent de rire :

      - T’entends, c’est le petit pois qu’est dedans !

 

*

*   *

 

      Dans la cour, tous autour de moi, ils me traitent, ils me crient. Des injures et des noms méchants. Des qu’ils inventent aussi. Au début de l’année c’était « même pas né ». Parce qu’ils me trouvaient bébé, maman m’a expliqué. Et puis « débiloss, nounouille, taré, raté, râteau... » Et là, tout à coup, à la dernière récré, il y a Fabrice qui crie ce mot : « Mongol ! » alors tous les autres de sa bande répètent : « Mongol ! Mongol ! Mon-gol ! »

      Ils me crient ce mot que je ne connais pas, en tournant tout autour de moi. Ils crient tellement fort, tellement vite que ma tête aussi commence à tourner. Je veux m’en aller, sortir de leur cercle mais Fabrice me repousse et je tombe sur le dos, sur mon cartable où j’entends mon petit jus de fruit du goûter exploser. Je me relève, à quatre pattes d’abord... « Ouh ouh ! le mongol ! »... puis debout, et j’essaie de casser leur ronde hurlante par un autre côté mais personne ne me laisse passer, même pas les filles : « Mon-gol ! Mon-gol ! Mon-gol ! » Roxane et Julie crient le même mot que les autres, tout excitées. Le jus d’orange dégouline dans mon dos, gluant, glacé. Si j’enlève mon cartable, ils vont me le piquer, pour se le lancer ou le vider par terre, éparpiller toutes mes affaires alors non, tant pis pour le jus d’orange écrasé qui coule dans mon dos, je garde mon cartable accroché, je me cramponne à ses bretelles, même : « Mon-gol ! Mon-gol ! » Fabrice et toute sa bande m’encerclent, même les filles. Tous, ils me poussent, ils m’étouffent et ce mot, là, ce mot que je ne comprends pas... Alors je serre les poings, je ferme les yeux et je crie... le plus fort que je peux.

 

Variante : Proposer aux élèves le début de cet extrait avec des blancs à l'endroit des « insultes » = manière de leur faire dire ce qu'ils se disent entre eux ?

(Cela me fait penser à l'activité présentée en stage par Séverine sur « Je t'haine » de B. Friot.)

 

1

 

Je m’en fous. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, je sais que je ne suis pas complètement idiot.

      «                                                                                   », me dit papa quand il est colère. Nadia, ma sœur, c’est :

«                                                                                   ». Maman : «                                                                          ». Et à l’école, alors là, tout le reste :

«                                                                                         ». «                                                                  » aussi, même si mes oreilles sont normales et mes habits à ma taille. À chaque récréation, Fabrice et sa bande se rassemblent autour de moi et ils me crient des noms, ils me traitent. Tout ça parce que je suis lent. Je comprends pourtant, aussi bien qu’eux, j’ai juste besoin de plus de temps. (…)

      Dans la cour, tous autour de moi, ils me traitent, ils me crient. Des injures et des noms méchants. Des qu’ils inventent aussi. Au début de l’année c’était

«                                                                               ». Parce qu’ils me trouvaient bébé, maman m’a expliqué. Et puis

«                                                                                         ».

Et là, tout à coup, à la dernière récré, il y a Fabrice qui crie ce mot : «                                                           » alors tous les autres de sa bande répètent :

«                                                                                         »

 

- On peut ensuite leur demander de réécrire la scène, en imaginant comment Ludovic, et / ou un, une, des camarades auraient pu réagir pour que cela finisse mieux pour Ludovic.

 

- On lit ensuite un autre extrait, situé plus loin dans le livre (chapitre 3) : Ludovic a commencé à se passionner pour la Mongolie, se met à jouer aux osselets comme les enfants mongols, etc.

On fait repérer les différences avec le 1er extrait, pour souligner le renversement de situation : contrairement à la scène racontée au début, Ludovic a le dessus sur ses camarades.

Puis on demande de faire des hypothèses sur ce qui a pu se passer entre les deux extraits.

 

      - Alors, bébé, on fait mumuse ? ricane Fabrice en flanquant un coup de pied dans mes osselets.

      - Laisse-moi tranquille, je réponds. Pourquoi tu m'embêtes ? Je t'ai rien fait.

      - Que tu crois.

      - Quoi ?

      - Un petit foot, les gars ? il demande à ses copains.

      Et ils se mettent à shooter dans mes osselets, un par un, à les envoyer valdinguer dans toute la cour. Je cours après eux pour les empêcher mais ils sont trop nombreux et puis c'est si petit, un osselet. Je leur cours après, eux, ils ricanent, hop ! hop ! ils me feintent, et Sarah me regarde, cette fois avec tellement de pitié que je sens tout d'un coup la colère me monter, me monter... Ça suffıt ! Je serre mes poings très fort pour me donner du courage et je commence à marcher vers Fabrice en murmurant :

      - Aarul ! Peslek ! Bortsok ! Rurshurl !

      - Eh, les gars, il est devenu maboul ou quoi ? ricane Fabrice.

      Oui, je marche droit sur Fabrice qui recule, et ses copains aussi. Au fur et à mesure, je ramasse mes osselets qu'ils ont laissé tomber. Et je continue à gronder :

      - Bruuz ! Urum ! Guutul !

      Maintenant, Fabrice et les autres ont l'air terrorisés, collés contre le mur.

      - Qu'est-ce que tu veux ? gémit Hugo, on t'a rien fait !

      - Ouais, te fâche pas, c'était juste pour rigoler !

 

      Je m'arrête à deux pas d'eux. Serrant fort mes osselets au fond de mes poches, je les regarde droit dans les yeux et je leur balance juste, le plus fort que je peux:

      - Tarag !

      Puis je repars dans mon coin de cour ensoleillé où je me remets à jouer avec mes osselets.

 

      Tout à coup, je sens une odeur de miel : c'est Sarah.

      - Qu'est-ce que tu leur as dit, Ludovic ?

      - À qui ?

      - À Fabrice et sa bande... ?

      - Quand ?

      - Tout à l'heure. Tous ces mots bizarres, là, pleins de « u ». Le dernier. Tarag, c'est ça ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

      - Secret ? je lui demande.

      - Secret ! elle jure.

      Je me penche vers son oreille et je murmure :

      - Ça veut dire yaourt.

      On éclate de rire tous les deux. Sarah me regarde, un petit moment, sans rien dire, plus une trace de pitié dans ses yeux maintenant. Et puis elle hausse les épaules et repart joyeusement retrouver ses copines et leur élastique.

 

J'ai hésité entre cet extrait et le suivant, jubilatoire, mais qui donne peut-être trop de renseignements sur le changement de Ludovic.

 

      Non, je ne veux pas mourir complètement. C'est juste que tout va de pire en pire en ce moment. À l'école, c'est la cata. Depuis la bagarre avec Fabrice, la maîtresse me croit fou. À cause des injures que je lui ai lancées. Elle m'a emmené chez le directeur où j'ai dû attendre sans rien faire jusqu'à 17 heures et là, papa et maman sont arrivés pour le rendez-vous qu'elle leur avait fixé.

      On remonte dans la classe tous les quatre. Je voudrais disparaître, ou qu'une tempête se lève pour tout emporter. La Chuurga ! Oh, une petite Chuurga, s'il vous plaît, là, tout de suite, vite, juste sur notre quartier ! Mais non, rien pour empêcher la rencontre parents-maîtresse de commencer. Et c'est ma fête.

      La maîtresse leur raconte tout : le scandale à la cantine quand je taille ma viande à pleines mains, le gâchis que j'y fais en ne mangeant que ma viande et mon fromage.

      - À la maison, c'est pareil ! soupire maman.

      Papa et elle se tassent derrière les pupitres trop petits où leurs genoux se cognent et la maîtresse continue : elle me soupçonne de copier depuis l'interro sur la Chine où j'ai tout réussi, j'ai même débordé pour marquer les fleuves de Russie et de Mongolie.

      - Non mais regardez ce qu'il faisait avant ! crie la maîtresse en brandissant mes cahiers barrés de rouge partout. Pensez-vous sérieusement qu'il soit capable tout à coup d'avoir tellement changé ? Qu'il ait pu tellement progresser, tout seul, en une seule semaine ?

      Tournée vers mes parents, elle n'en peut plus :

      - Et si seulement vous saviez de quels noms ignobles votre fils traite ses camarades, non mais si vous pouviez seulement vous imaginer...

      - Lesquels ? demande papa.

      Je ferme les yeux, prêt au pire. La maîtresse se penche vers eux et murmure :

      - Cerveau cru de ton père!

      Sous mes paupières fermées, je revois l'air dégoûté de Sarah quand je lui ai déclaré, la voix tremblante d'émotion : « Sarah, Sarah, tu es mon cœur et mon foie... »

      - Quoi d'autre ? demande papa calmement.

      - Outre à excréments ! Et, et... verge d'âne ! gémit la maîtresse.

      Alors papa éclate de rire. J'ouvre les yeux, stupéfait.

      - Sans compter tous ceux que personne ne comprend, une sorte de langage inventé plein de U...

      Un rire extraordinaire. Maman se mord l'intérieur des joues pour ne pas rire elle aussi. La maîtresse a l'air très vexée.

      - Comment pouvez-vous, monsieur... ? Mais c'est très grave !

      Papa se lève :

      - Madame, il dit, vous rappelez-vous ce que vous nous avez dit à propos de Ludovic au début de l'année scolaire ?

      - Je... je ne m'en souviens plus, non.

       - Qu'il manquait de vocabulaire. Que son niveau à l'oral était déplorable. Qu'il était même, pardon Ludo, qu'il était même un peu bête. Eh bien madame, nous sommes au mois de mai et je constate avec joie combien vous l'avez aidé à progresser.

      - Mais, mais..., bredouille la maîtresse, quand même...

      - Si, si, j'insiste : je vous félicite, madame, et je vous remercie d'avoir pris l'initiative de ce rendez-vous qui nous aura permis de vous exprimer notre gratitude. Continuez.

      - Ah...

      - Allez, Ludo, on s'en va. Ta maîtresse doit être fatiguée, dit papa.

                Je me lève, ébloui. J'attrape mon cartable, je rejoins papa et maman qui me prennent chacun par un bras et on sort de la classe comme dans un rêve. Tous les trois, on dévale les marches du premier étage, on sort dans la rue sous le nez du directeur. Papa et maman lui font un si grand sourire que cette fois-là, je n'ai même pas peur. Et on dévale les marches jusqu'à la rue et sur le trottoir, on marche en sautillant, on rit, on danse presque de joie !

 

En tout cas, un travail ultérieur sur les « insultes » me semble très intéressant : comparer celles de la famille et des camarades de Ludovic avec celles que lui utilise.

 

 

Vérifier la lecture

Faire compléter l'« acrostiche » suivant.

 

L    comme lent, lire et laitages, parce que Ludovic

      travaille lentement, que depuis qu'il se prend pour un guerrier

      mongol, il lit énormément, mange et boit beaucoup de

      laitages.

U    comme Urum !, parce que...

D   comme dictionnaire et décalage horaire, parce que...

O   comme osselets, parce que...

V   comme victime, victoire et viande, parce que...

I     comme insultes, parce que...

C   comme cavalier, cheval et Caramel, parce que...

 

(On peut évidemment choisir d'autres mots, je pense à Dzag, l'arbre-racine du désert de Gobi, Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, ou à Chuurga, la tempête, ou laisser le choix des mots aux élèves.)

 

 

Travail de vocabulaire

 

Le dictionnaire est très présent au début du livre.

 

      C’est peut-être rien, mais c’est un mot et, un mot, ça veut toujours dire quelque chose. Au bout d’un moment, j’allume la lampe de poche que je cache toujours sous mon oreiller. Je repousse ma couette, pose mes pieds nus sur la moquette toute douce et, sans bruit, je vais jusqu’à mon bureau prendre le gros dictionnaire que papa et maman m’ont offert. D’habitude, je m’en sers pour faire sécher des pétales de fleurs, mais là, je cherche vraiment un mot dedans. Ça prend du temps de me rappeler l’alphabet : première lettre, m, et puis la deuxième, o, et encore, et encore, et encore, comme un collier... là !

      Page 658, juste après la planche des coquillages mollusques :

      MONGOL, E adj. - De la Mongolie.

      Tu parles que ça m’avance. Et en dessous :

      MONGOLIE n. f. - Fourrure de chèvre de Mongolie.

      Il m’a traité de fourrure de chèvre, Fabrice ? Non, de truc en fourrure de chèvre ? C’est mes cheveux, peut-être ? Déjà que j’ai eu droit à « mammouth », pendant toute une semaine, à cause de ma taille et puis que j’ai redoublé... Mais non ! que je suis bête ! Mongolie, avec une majuscule, ça doit être ! C’est vrai ça, quand on parle, on n’entend pas si c’est majuscule ou pas... Je recommence à chercher mais dans les noms propres, après les pages roses. Les noms propres et les noms sales. Fourrure de chèvre, ça doit bien puer... Il trouve que je pue, Fabrice ? Que mes cheveux puent ?

Page 1551, cette fois, tout en bas :

      MONGOLIE - Plateau désertique et steppique de l’Asie centrale entouré de hauts massifs (grand Khingan, Altaï, Tian-Chan, Nan-Chan).
      Donc un endroit de pays. Mais pourquoi ? Sur la page d’en face, il y a la carte du monde, en bleu et blanc. Je reconnais la Chine, ah, et en dessous, la Mongolie. En forme de... de rien de spécial. Je suis de plus en plus perdu. Encore en dessous, je trouve aussi :

      MONGOLS (EMPIRE DES) - Empire fondé par Gengis Khan (1206-1227), reconstitué par Tamerlan (1369-1405), fondé de nouveau par Baber...

(…)

Si j’ai rien trouvé hier soir, c’est peut-être que mon dictionnaire était trop petit. Là, c’est un d’adulte, un vrai. Je ferme la porte au verrou, je m’installe sur le couvercle rabattu, j’ouvre le gros dictionnaire sur mes genoux et c’est reparti pour un tour d’alphabet : m... o... n... Dans celui-là, c’est page 650.

      MONGOL, E adj. et n. - De Mongolie. N. m. - Groupe de langues altaïques parlées en Mongolie.

      Normal, ils ne parlent pas français, là-bas, si loin. Ils parlent altaïque, donc. Altaïque-mongol, quoi. Pas plus avancé.

      Allons voir aux noms propres. Qu’est-ce qu’ils disent ? Page 1482 : les mêmes montagnes, grand Khingan, Altaï, Tian Chan. Ah !ils parlent des Mongols aussi : peuple de haute Asie, vivant auj. princ. en république populaire de Mongolie et en Chine... et puis plein de dates entre parenthèses. Je ne comprends pas tout. « Auj. princ. » par exemple. Ils disent que les Mongols étaient des guerriers très forts : Les Mongols entreprennent des conquêtes sauvages et destructrices.

(Chapitre 1)

 

Cela peut permettre d'amorcer un travail sur la lecture d'un article de dictionnaire, avec la signification des abréviations, la nature des mots, les noms propres / communs (« sales », donc la polysémie, les antonymes)…

 

D'autres passages qui permettent de travailler sur la polysémie et sur les sens propre et figuré.

 

La steppe, par exemple, c'est un genre de campagne mais immense, rien que de l'herbe partout, « où la lumière varie sans cesse en fonction du jeu rapide des nuages ». Ils jouent à quoi ? Les Mongols habitent dans des tentes en bois couvertes de feutre, pas des feutres pour écrire, « une étoffe de poils et de laine agglutinés ».

(Chapitre 2)

 

Évidemment, au petit déjeuner, je n'arrive pas à émerger, comme dit maman. Je suis là, mes coudes sur la table de la cuisine, au milieu des bols, des miettes, des pots de confiture, dans une espèce de brouillard vague.

      - La tête dans le potage ! se moque Nadia, toute pomponnée.

      - Oui ! je fais. Voilà !

      - Ludo, pour la dernière fois, qu'est-ce que tu veux manger ?

      - Des nouilles au bouillon, maman.

(Chapitre 3)

 

Les fidèles gardes de Gengis Khan s'appelaient les bagatour. Ils avaient tous les droits, comme de tailler la tête des intrus en pièces. De monnaie ?

(Chapitre 4)

 

Je tiens leur espèce de casque en moquette noire à bout de bras. La bombe, papa me dit que ça s'appelle. Lourde, noire, bêtement ronde. Si seulement c'était une vraie. Adieu tout ça, baooum ! grosse fumée, problèmes terminés.

(Chapitre 5)

 

 

Travail sur les « effets de réel »

 

Ces effets de réel proviennent, pour moi, de la narration à la 1re personne, au présent, de l'utilisation du langage familier, du dialogue, de l'expression des sentiments (dans le passage qui suit, les longues phrases, les répétitions, les champs lexicaux de l'encerclement et du cri…), etc.

Pour mettre cela en évidence, on peut demander aux élèves de comparer les deux textes suivants, l'extrait du chapitre 1 où Ludovic se fait insulter, et sa réécriture, au passé, la plus neutre possible. On leur demande lequel des deux textes fait le plus vrai et de repérer pourquoi.

 

Texte 1 (original)

Et là, tout à coup, à la dernière récré, il y a Fabrice qui crie ce mot : « Mongol ! » alors tous les autres de sa bande répètent : « Mongol ! Mongol ! Mon-gol ! »

      Ils me crient ce mot que je ne connais pas, en tournant tout autour de moi. Ils crient tellement fort, tellement vite que ma tête aussi commence à tourner. Je veux m’en aller, sortir de leur cercle mais Fabrice me repousse et je tombe sur le dos, sur mon cartable où j’entends mon petit jus de fruit du goûter exploser. Je me relève, à quatre pattes d’abord... « Ouh ouh ! le mongol ! »... puis debout, et j’essaie de casser leur ronde hurlante par un autre côté mais personne ne me laisse passer, même pas les filles : « Mon-gol ! Mon-gol ! Mon-gol ! » Roxane et Julie crient le même mot que les autres, tout excitées. Le jus d’orange dégouline dans mon dos, gluant, glacé. Si j’enlève mon cartable, ils vont me le piquer, pour se le lancer ou le vider par terre, éparpiller toutes mes affaires alors non, tant pis pour le jus d’orange écrasé qui coule dans mon dos, je garde mon cartable accroché, je me cramponne à ses bretelles, même : « Mon-gol ! Mon-gol ! » Fabrice et toute sa bande m’encerclent, même les filles. Tous, ils me poussent, ils m’étouffent et ce mot, là, ce mot que je ne comprends pas... Alors je serre les poings, je ferme les yeux et je crie... le plus fort que je peux.

 

Texte 2 (réécriture)

      Un jour, à l'école, pendant la récréation, Fabrice a traité Ludovic de « Mongol ». Les membres de sa bande l'ont imité. Ils se sont tous mis à crier très fort ce mot et à encercler Ludovic. Celui-ci a essayé de s'en aller mais Fabrice l'a repoussé et il est tombé sur le dos. Il s'est relevé et a essayé à nouveau de s'enfuir, par un autre côté, mais personne ne le laissait passer, pas même les filles, qui elles aussi l'insultaient. Pendant que Ludovic se cramponnait aux bretelles de son cartable, les autres enfants ont continué à crier, à l'encercler et à le pousser. Enfin Ludovic a serré les poings, a fermé les yeux et a crié très fort.

 

 

Travail autour du texte documentaire

 

Le texte contient énormément de renseignements sur la Mongolie et les Mongols, renseignements que Ludovic rapporte au fur et à mesure de ses lectures.

On peut partir d'une citation, « je m'emmêle un peu dans les âges, faudrait que je fasse des fiches, comme en classe... », et demander aux élèves de repérer dans tout le livre les passages informatifs (on peut découper et répartir le texte), en notant la page et les thèmes abordés.

Ensuite on peut demander :

- de rédiger les fiches,

- ou d'imaginer que Ludovic fait un exposé sur la Mongolie à ses camarades. Il faut donc regrouper les différents renseignements en établissant un plan (dur en 6e mais riche). On peut demander aux élèves seulement le plan, la rédaction d'une partie ou de l'exposé entier.

 

Autre activité d'écriture :

On imagine que Sarah n'a pas assisté à l'exposé (en observation à l'hôpital après l'épisode du centre équestre). Ludovic lui écrit une lettre pour lui expliquer l'origine de sa passion soudaine pour la Mongolie et ses coutumes, pour le cheval, les osselets, lui expliquer les cheveux rasés, son langage plein de « u », la drôle de déclaration d'amour (« Tu es mon cœur et mon foie »), lui expliquer enfin pourquoi il ne voulait plus monter à cheval au centre équestre…

L'intérêt de ce travail est de mêler, comme le roman, les éléments narratifs et les éléments documentaires.