Il faudra,
Choisir de vivre ( une critique extraite de startmag.com) Sur
la couverture, le petit garçon d'Olivier Tallec semble attendre,
assis dans un champ de fleurs aux couleurs éblouissantes. Depuis
son « île », qui n'est autre que le ventre de sa mère,
l'enfant, esquissé au crayon, comme absent, observe le monde avec
perplexité. Confronté à tous les maux de la terre.
Sur chaque double page, une partie colorée représente le
monde qu'il voit, tandis que l'autre, laissant apparaître le blanc
du papier, est dans la vision de l'enfant, dans le « il faudra ». Les
illustrations sont en parfaite osmose avec le récit, comme si elles
le suggéraient. Dans le parti pris de ce qui reste blanc, et donc à colorer,
le dessin d'Olivier Tallec transcende les mots, et ce petit bonhomme au
regard contemplatif, qui tend les bras, impuissant, nous bouleverse dans
sa profonde détermination à naître « malgré tout ». Cendrine Genin
Texte de l'album
Et l'enfant de la femme inutilement né (...) ? » (extrait de Un jour, Louis Aragon)
L'enfant était assis là sur son île. Il regardait le monde et réfléchissait. L'enfant vit les guerres. Il se dit il faudra peindre les uniformes des soldats. Il faudra, des canons de leurs fusils, faire des perchoirs d'oiseaux et des flûtes de bergers. L'enfant vit les famines. Il se dit il faudra attraper les nuages au lasso et les faire pleuvoir sur les déserts. Il faudra creuser des rivières d'eau et de lait. L'enfant vit la misère. Il se dit il faudra apprendre à additionner, soustraire et multiplier, et puis à diviser. Il faudra apprendre à partager l'argent, le pain, l'air et la terre. L'enfant vit les puissants se goinfrer, ordonner, clamer et décréter. Il se dit il faudra leur ouvrir les yeux ou les chasser. L'enfant vit l'océan. Il se dit il faudra le laver. Et puis s'asseoir devant, juste rêver. L'enfant vit les forêts. Il se dit il fera bon s'y promener, s'y aventurer, y écrire des histoires pour s'y perdre, puis se coucher sur la mousse pour les écouter. L'enfant vit les larmes. Il se dit il faudra apprendre à s'enlacer, à ne pas avoir peur des baisers. Il faudra apprendre à dire je t'aime même sans l'avoir jamais entendu. L'enfant leva la tête. Il vit la lune un drapeau planté au front, stupide affront. Il se dit il faudra l'enlever et lui demander pardon. Enfin l'enfant regarda le monde une dernière fois de son île. Puis il décida... de naître.
Les démarches sont multiples sur cet album.
-Outre le travail sur le rapport texte image ( voir la critique précédemment citée), le sens de la couleur, du blanc, et de " ce qui reste à colorier..", -Outre le fait , à l'inverse , de faire illustrer certaines des pages par les élèves pour matérialiser le différence entre le réel "tel qu'il est" et le réel "encore à construire" , - outre le fait que la chute du texte – il décida de naître- est en soi une proposition d'activité On peut la supprimer , la faire inventer, et enfin la donner pour réinterroger le sens du texte… - puisqu' il s'agit d'un texte à structure répétitive
pourquoi ne pas proposer de le continuer… - pourquoi ne pas travailler sur la différence
entre "il faudra " et "il faudrait" et sur les valeurs
des temps qui, pour une fois ,posent ici une vraie question d'éthique ( Bientôt ici, les démarches proposées
par Séverine Suffys dans ses classes) |
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